mardi 4 janvier 2011

L'après Aconcagua

Actuellement, je suis dans le bus Los Penitentes – Mendoza. Le trip Aconcagua est donc vraiment terminé. Vous l’avez appris dans mon court message du 1er janvier, ni Patrick ni moi n’avons atteint le sommet. Il faut dire que peu de grimpeurs ces jours ci ont réussi à atteindre le sommet du Cerro Aconcagua, Dame Nature ne collabore pas vraiment avec nous.
Le 25 décembre, nous avons pris notre journée OFF au base camp. Je vous avais dit dans l’un de mes derniers messages que le 25 décembre était une journée parfaite pour atteindre le sommet, en raison de la température clémente au sommet. Nous venons tout juste d’apprendre que 3 gars sont partis de Plaza Argentina, à environ 4 400 mètres d’altitude, ce jour-là. Après avoir atteint le sommet et 18-20 heures d’effort, l’un des gars est décédé en redescendant du sommet, en raison d’hypothermie et d’engelures.  La prudence est de mise en montagne.
Après avoir passé un 15 minutes connectés sur Internet, nous avons eu une belle surprise au retour à notre tente. UNE INVASION BELGE !!!! Près de 40 personnes s’entassaient tout près de notre tente, pour ne pas dire SUR notre tente. Patrick a fait ni un ni deux, il est allé jouer du coude pour protéger la super tente Mountain Hardwear à son ami « Loulou » ! Incroyable, on aurait cru que nous étions invisibles, je ne sais trop pourquoi ils étaient ainsi excités près de notre tente. Les caméras vidéos, caméras photos, les longues accolades, les pleurs et tout et tout ! Finalement, nous avons su que l’expédition belge visait à amasser des sous pour les gens asthmatiques et que parmi eux figuraient le ministre-président flamand Kris Peeters ainsi que l’ancien champion de natation Fred Deburghgraeve. Tous deux ont été contraints d’abandonner quelques jours plus tard. C’était juste drôle de voir une des « fefilles » chialer car il y avait une roche sous le sol de sa tente….hihih ! On s’est bien bidonnés Pat et moi ;-). Nous n’avons pas trouvé de vidéo encore sur Internet mais ça serait juste drôle de voir Pat lutter pour sa tente où étaient accrochés mes sous-vêtements pour sécher au soleil.
http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2010-12-28/kris-peeters-abandonne-l-ascension-de-l-aconcagua-811098.php
Après une bonne journée de repos, nous avons « pacté » tout notre matériel pour déplacer notre campement à Nido de Condores, à 5 380 mètres d’altitude. Malgré que nous avions sélectionné notre matériel avec soin, en ne prenant que ce qui était essentiel pour les prochains jours, mon sac de 105 litres et le sac de 130 litres de Patrick débordaient !!!! Les mules Houde et Munger transportaient chacune un sac beaucoup trop lourd. Estimation rapide, j’avais environ 55 livres alors que Patrick en avait 75 sur le dos. Difficile de grimper 1 kilomètre plus haut quand ton sac est si pesant….. Après 3 heures d’effort soutenu, nous avons dû établir notre camp à Plaza Canada et non à Nido de Condores comme prévu. Le ciel se couvrait et nous ne voulions pas être pris dans une tempête. La sagesse s’impose parfois ;-)
Maintenant, un sujet étonnant, qui démontre quelque peu à quel point nous devons faire des drôles de choses dans une telle expédition. Dans le parc provincial Aconcagua, il est interdit de jeter des déchets, même ceux provenant de notre corps…..voyez ?! En entrant dans le parc, on se fait remettre chacun un sac, pour livrer nos déchets humains, plus souvent appelés « cacas ». Dégueulasse ?! Oh que oui !! Patrick et moi en avons ri plus d’une fois, en se demandant souvent lequel entre nous deux allait rapporter le « sac à m……. » hihihihihi ! Nous avons identifié trois options pour faire nos cacas : 1. Le fameux sac de plastique d’épicerie 2. La boîte vide de Pringles (faut avoir du visu en titi !) 3. Les sachets vides de Mountain House (bouffe déshydratée que nous consommons matin, midi et soir) refermés avec du duct tape pour ne pas confondre lors du repas. J’ai été l’heureuse élue pour attacher sur mon sac de 105 litres, le fameux « sac à m….. », il n’y a pas eu de fuite, à mon grand bonheur ;-) C’est le prix à payer pour venir à l’Aconcagua et C’EST COMME ÇA !!! Désolée de vous avoir coupé l’appétit si vous étiez en train de « munger »…hahahah !
Au réveil, nous emplissons à nouveau nos sacs car l’objectif est de se rendre à Nido de Condores. Deuxième journée avec ce poids sur le dos, je dois avouer que je l’ai trouvé éprouvant ce 27 décembre. En plus, près d’arriver à 5 380 mètres, le ciel s’est couvert et il s’est mis à neiger. Étonnant car en plus, le ciel grondait, on entendait le tonnerre. Fiou, nous arrivons à trouver le campement et le choix de notre emplacement n’est pas très long. La fatigue s’est emparée de nous et avec les gros flocons qui tombent, nous devons rapidement nous couvrir. Nous commençons à être habitués à monter la tente et le partage des tâches est assez bien déterminé. Une fois la tente montée, je vais à l’intérieur et Patrick me remet le matériel que nous avons besoin pour le dodo et les repas. Le reste demeure dans les sacs qui sont dissimulés dans le plus petit portique. Puisqu’aucune source d’eau n’est à notre portée, Patrick doit rapidement entamer le « travail » de faire fondre de la neige pour nous hydrater.
Nous étions loin de nous douter que les 3 prochains jours, nous serions coincés sous la tente, à attendre que la tempête passe. Neige, froid et forts vents nous ont cloués à Nido de Condores. Par chance, nous avions prévu le coup, ayant en notre possession suffisamment de gaz blanc nécessaire à la fonte de la neige, qui sert à nous hydrater mais aussi à cuisiner nos sachets de Mountain House, que nous avions également en quantité suffisante. Lors de la montée, nous avons croisé quelques personnes qui ont dû redescendre au base camp pour aller récupérer ou « quêter » du gaz ou de la nourriture. Loin de nous l’intention que ça nous arrive !!
Nos journées ressemblaient à ceci : réveil à 10 heures le matin, on mange, fait bouillir de la neige, sort un peu pour faire nos besoins à l’extérieur de la tente, on mange encore, visite chez le « ranger » (gardien du parc) pour enquêter sur la météo, on lit, on fixe le plafond de la tente, on dit des niaiseries, on placote, on se raconte des histoires, on mange des biscuits, des chips, des jujubes….En gros, c’était pas mal ça pour 12 heures de temps, avant de se recoucher à nouveau. Dieu sait qu’on en a passé du temps à l’horizontal à ne rien faire. La première journée, nous avons réussi à sortir en avant-midi mais ça s’est rapidement gâté par la suite, nous obligeant à retourner dans notre confortable et chaleureuse maison « de luxe ». Les nuits étaient froides et venteuses mais dans un sleeping moins 40 degrés celcius, on arrive à bien dormir malgré la dureté du sol.
Petit parallèle : j’ai lu plusieurs pages du livre « Conquérant de l’impossible » de Mike Horn qui a réussi à faire en 2 ans, le tour du cercle polaire arctique. Des froids de moins 60, il en a rencontré, des tempêtes pas possibles, il a dû en affronter.  J’étais dans un décor semblable, ça faisait drôle !
Le 30 décembre, durant l’après-midi, nous avons dégourdi nos jambes en optant de nous rendre au camp Berlin, situé à 5 900 mètres. Nous avions ainsi deux objectifs : nous acclimater et partir à la reconnaissance de la trail car il était fort possible que nous allions faire une tentative pour le sommet le lendemain. Avec le soleil qui plombe sur le versant nord de la montagne et les nombreux grimpeurs qui se rendent pour la nuit au camp Berlin, la montée est agréable. Nous faisons d’ailleurs la rencontre de David et sa gagn de britishs fort sympathiques. Au base camp, ils étaient à côté de nous, nous avons donc pu faire leur connaissance. Nous ne savions même pas qu’ils étaient eux aussi coincés à Nido depuis plusieurs jours. C’est vous dire comme on sortait peu de notre tente ;-) En redescendant vers Nido, encore une fois, il a neigé. Petit détail, c’est l’été actuellement en Argentine et la voie normale que nous empruntons est très rarement enneigée à cette période ci de l’année ce qui est censé rendre son ascension plus facile. Ouin, ouin, ouin, on repassera pour cette année…… !
ENFIN, le 31 décembre, ma montre réveil sonne à 2 heures du matin. Les vents forts soufflent toujours et le givre qui recouvre toute la tente nous indique qu’il fait très froid dehors. Mais quand même, nous persistons et nous nous préparons pour la montée : déjeuner, préparation du matériel requis, habillement et hésitation à partir nous amènent à ne sortir de la tente pour débuter l’ascension que vers 4h45. Évidemment, il fait noir, la trail est maintenant complètement recouverte de neige et personne n’est passé avant nous. Il faut ouvrir la trail !! À chaque pas, on cale de 2 pieds, ce qui rend plus difficile la montée. Peu de temps après le départ, tellement le froid était saisissant, Patrick me dit : « tsé Nat, on n’est pas obligés de nous rendre au sommet. » Cela m’a bien étonné venant d’un gars qui a affronté à plusieurs reprises des tempêtes et des froids importants lors de ses expéditions hivernales. Mais, il me connait peu et ne sait probablement pas que l’abandon fait très rarement partie de mes options. Je me réfère à mon expérience de l’an dernier en Bolivie et lui dit que je souhaite attendre que le soleil sorte vers 6 heures, possiblement que la température grimpera à cet instant et le moral s’améliorera puisqu’au moins, on va voir le décor devant nous. Mais, une fois arrivés au Berlin camp, à la vue d’une petite hutte, dont la porte ne ferme même pas, j’insiste pour que nous y entrions pour réchauffer mes pieds que je n’arrive presque plus à sentir. Mes orteils sont effectivement très très froids, j’ai peine à les bouger. Patrick doit faire comme moi. Ensemble, nous tentons de réchauffer nos pieds. En alternance, j’installe l’un des pieds de Patrick sous mon aisselle afin de lui fournir de la chaleur. Après un bon 30 minutes à l’intérieur de la hutte,  nous sommes forcés d’admettre que nous ne pourrons pas poursuivre notre route. Il reste plus de 1 000 mètres à monter, le froid est toujours aussi présent et de toute évidence, nos pieds vont geler à nouveau rapidement. Comme je l’ai dit à Patrick : « deux sportifs comme nous, on ne peut pas se passer de nos orteils, il faut agir sagement et intelligemment ». Tant pis sommet, ce n’est que partie remise mon cher !
Avant de quitter, j’ai tenu à aller coincer dans un rocher, un signet de ma maman, disparue depuis près de 5 mois. Je l’ai installée pour qu’elle ait une vue incroyable sur les montagnes.
Désolée mais c’est le mieux que j’ai pu faire maman pour aller te dire un pti coucou ! Je suis convaincue que tu es fière de la décision que nous avons prise, Patrick et moi et que tu nous as guidés vers ce choix. Je t’aime ma jolie xx
Lors du chemin du retour, nos traces étaient déjà effacées par le vent qui avait soufflé fort. En regardant vers le ciel, nous pouvions apercevoir le sommet qui était déjà couvert par les nuages et par ce qui nous a semblé être le « viento blanco » qui annonce une tempête. Cela nous réconfortait dans notre choix d’avoir abandonné l’idée de nous rendre au sommet, au risque de perdre un ou quelques doigts de pieds. D’ailleurs, en enlevant mes bas de retour dans la tente, j’ai vite remarqué que mes 2 petits orteils étaient tout blancs, j’avais même un plaque de sang sur le côté du pied droit. Très rapidement, Patrick et moi avons fait des pieds et des mains (ahahah !) pour réactiver la circulation. Tout est maintenant ok, mes petits orteils ont survécu. Avant de décider de redescendre au base camp, je suis allée consulter le ranger pour connaitre la prévision météo des prochains jours. On nous annonçait du mauvais temps, ce qui confirmait que nous allions redescendre à 4 300 mètres, à la Plaza de Mulas. Le démontage de la tente n’a pas été chose facile. Suite aux tempêtes, elle était ensevelie sous quelques pieds de neige et même la glace la fixait solidement au sol.
Bien que nous soyons en descente, le poids du sac sur mon dos m’écrase et à tout coup, je risque de perdre pied et de chuter par terre, avec cette neige qui recouvre le sol. Il ne fallait surtout pas que je tombe, avec le super « sac à m….. » attaché à mon sac à dos. À l’approche du base camp, mes jambes commencent à « shaker », je suis épuisée et j’ai de la difficulté à garder le focus. Avec le ravin tout près, je ne peux pas me permettre d’erreur car je risque de débouler et encore une fois, ça ne serait pas chic de débouler avec «  un sac à m…. »…ahahahah !
Comme consolation à l’échec du sommet, j’ai eu la chance de croiser une femme remarquable au base camp !! En effet, à notre retour, le décor avait beaucoup changé au base camp : beaucoup plus de tentes en raison de la haute saison qui débute et tous plein de nouveaux visages, dont deux de québécois qui sont tout près de nous. Denis vient s’entretenir avec nous et nous informe que Sylvie, qui l’accompagne, est venue faire une tentative il y a 4 ans mais sans succès en raison de la météo. Déjà, le nom de Sylvie me marque puisque peu de femmes constituent le milieu de l’alpinisme. Je la regarde à plusieurs reprises mais me dit que ce n’est sûrement pas elle. Mais pourtant, il y a plein de badges sur son manteau : drapeaux du Québec, du Canada et le lendemain, je reconnais le logo de son site web. Hé oui, c’est bien elle, Sylvie Fréchette, pas la nageuse synchronisée mais bien la Valdorienne qui a atteint en solo le 21 mai 2008, le toit du monde, mieux connu sous le nom d’Everest.  À l’époque, un collègue de travail m’en avait parlé et sur le champ, je m’étais précipité chez Archambault pour me procurer son livre que j’ai dévoré. J’y ai découvert une femme d’une détermination sans limite, impressionnante, inspirante, courageuse, fonceuse, bref, un modèle pour moi et voilà que je l’avais « live » devant moi. Nous avons discuté pendant quelques minutes, j’ai fait ma téteuse et demandé une photo. Elle m’a dit des paroles que jamais je ne vais oublier !!! Patrick a dû me trouver tannante pendant le chemin du retour du base camp jusqu’à Los Penitentes, j’ai fait si souvent référence à cette rencontre plus que mémorable pour moi : Nat la mini alpiniste avec Sylvie, la grande alpiniste.
Si vous désirez une conférencière dans votre milieu de travail, je vous la recommande. Je l’ai proposé au « garnement » mais ma demande n’a pas abouti nulle part.
Quel bonheur de prendre une vraie douche chaude et de dormir dans un bon lit douillet après près de 2 semaines dans les montagnes. On s’aperçoit comme de telles banalités peuvent valoir parfois si cher.
Tel que je l’ai dit dans mon message précédent, j’ai vécu une aventure parfaite, qui aurait été plus que parfaite si nous avions atteint le sommet. Ce n’est que partie remise !!! Patrick et moi comptons bien un jour faire une seconde tentative. Quelques aspects de notre stratégie seront ajustés mais pour une première, je vous jure que l’on a super bien travaillé et comme on l’a si souvent dit, on faisait un super bon team ;-)
Maintenant que nous approchons de Mendoza, il nous reste à aller profiter du bon steak argentin et des bons Malbec de Mendoza dont nous avons été privés pendant trop longtemps !! Ce soir, nous prévoyons souper en compagnie de Patrice et Sébastien, les deux québécois connus lors de notre première soirée à Los Penitentes ainsi qu’avec la gagn de sympathiques british qui logent au même hôtel que nous !! C’est une belle soirée en vue, j’en suis convainue !
Cette aventure est sans contredit l’une des plus marquantes et enrichissantes de toute ma vie. Sans hésitation, je souhaite répéter l’expérience, j’ai encore beaucoup à apprendre. Nous faisons partie des rares personnes qui ont osé le faire dans une autonomie quasi-totale, n’eut été du transport des bagages par les mules…..
Je vous embrasse et vous dit à bientôt en Patagonie !!
Mule Munger xxxxxxx
PS : les photos suivront sous peu...je manque de temps un peu !!

Aconcagua....fin

MESSAGE ÉCRIT LE 1er JANVIER 2011 MAIS QUI N'A PU ÊTRE PUBLIÉ EN TEMPS RÉEL SUR MON BLOGUE
 
Coucou !
 
L'aventure Aconcagua se termine sous peu, nous serons a Mendoza demain. Je la qualifie de parfaite mais elle aurait ete plus que parfaite si Patrick et moi avions atteint le toit du continent americain.
 
Bonne et heureuse annee, a bientot, Nat xx

Noël au base camp

MESSAGE ÉCRIT LE 25 DÉCEMBRE 2010 MAIS QUI N'A PU ÊTRE PUBLIÉ SUR MON BLOGUE EN TEMPS RÉEL
Coucou !
C'est Noël car il neige dans ma tête eeee.....hihihih, pas vrai, il fait encore un soleil radieux au base camp de l'Aconcagua, je suis en shorts et en chandail à manches longues.
Depuis le dernier message, envoyé par mon ami Flo, nous avons été en reconnaissance de terrain et acclimatation sur la trail qui, un jour, devrait nous mener au top de l'Aconcagua.
Jeudi le 23, nous sommes partis du base camp pour nous rendre au Plaza Canada qui est a 4 910 mètres d'altitude. Deux heures et demi plus tard, nous y étions, tout s'est très bien déroulé et après y avoir passé près d'une heure, nous sommes retournés dans le confort de notre base camp.
Après nos journées de rando, au retour, on se cuisine un petit quelque chose et vers 20 heures, arrive le moment de bonheur, celui on l'on va se camoufler dans la tente. On a tout un pti rituel : pas le droit de regarder les photos de la journée avant d'être dans la tente, au chaud dans nos sleeping moins 40, on mange des chips, des biscuits, des jujubes et on boit, boit, boit et sort souvent pour aller aux toilettes. Le minimum que l'on doit boire est 4 litres de liquide (alcool exclu) par jour. Ca fait plusieurs aller-retour vers la bécosse ça !!!
Le matin, pour aller emplir nos Nalgene d'eau, le tuyau en caoutchouc qui nous alimente en eau du ruisseau de la montagne est gelé jusqu'à 11 heures le matin environ. Le moyen pour obtenir de l'eau est de casser avec un piolet la glace qui recouvre l'eau dans un gros baril en plastique de 55 gallons.
Vendredi le 24, nous sommes partis du base camp pour nous rendre a Nido de Condores a 5 350 mètres d'altitude, soit 1 km plus haut.  Encore une fois, tout va très bien pour Patrick et moi. En discutant avec les gens autour de nous et en consultant le livre que nous avons, nous constatons que nos temps sont vraiment bons. Pour vous donner un exemple, le livre dit que la majorité des gens prennent de 6 à 8 heures pour grimper de Plaza de Mulas (base camp) a Nido de Condores. Pat et moi l'avons fait en 5 heures. La forme est là, il n'y a pas de doute. Pendant notre montée, nous avons croisé un monsieur, seul, qui nous a dit que ca faisait 5 jours qu'il était a Nido et qu'il entrait chez lui. Il s'est repris pour nous dire qu'il s'en allait plutôt a la plage. La bonne nouvelle est qu'il était en direction du base camp puisque définitivement, il n'allait pas bien, il était pas mal confus, un des symptomes du mal de l'altitude. N'ayez crainte, Pat et moi, on est top shape, mis à part quelques maux de tête pour moi qui partent après une seule Tylenol.
Hier soir, 24 décembre, c'était Noël ici aussi mais pas pour les clients, juste les guides, porteurs, rangers, etc. D'une part, l'alcool est fortement déconseillé lorsque nous sommes en altitude. Le sommet est trop important pour nous pour que nous puissions même nous laisser tenter par un bon houblon. Il faut savoir que nous avons en notre possession 5 bières (1 a explosé pendant le transport des mules) et 2 bouteilles de vin mais nous les gardons pour après le sommet. Elles seront sûrement meilleures et tellement méritées. D'autre part, nous n'étions pas vraiment invités à la fête mais nous en avons subi les conséquences. Musique assez forte jusqu'à 2-3 heures du matin, feux d'artifice a environ 10 mètres de notre tente (super dangereux !), etc, etc... Bien difficile de dormir et pourtant, le sommeil est si important pour nous. Et mon Noël a été plutôt triste, j'ai eu les blues. Noël est l'occasion de se rassembler, de festoyer. C'était tout le contraire pour moi hier soir. J'étais dans une mini tente, le party était à l'extérieur, Pat était pris dans son livre et moi, j'écoutais de la musique et je pleurais. Soudain, les 3 mois d'absence de mon chez moi, m'ont frappé. Je m'ennuyais, j'aurais tant voulu être près de vous. Merci Alex pour la Christmas lights song de ColdPlay, tu devineras qu'elle a joué plus d'une fois dans mes oreilles. Merci Mélanie pour ta carte de Noël, elle est suspendue dans notre tente.
Tout va bien ce matin, la tristesse est derrière moi. Il faut dire aussi que Patrick m'a annoncé une moins bonne nouvelle hier dans la soirée et cela m'a probablement affecté également. La météo n'est pas super pour les prochains jours. Et pourtant, elle est aujourd'hui incroyable : moins 5 au sommet et pas de vent. Une journée I - DÉ - A - LE quoi ?! Nous n'aurons pas la même chance car les prévisions annoncent de la neige pour les prochains jours. Nous avons, Patrick et moi, discuté et discuté encore. Plusieurs stratégies ont été envisagées. Finalement, celle qui a été retenue est de prendre DAY OFF aujourd'hui, 25 décembre, pour permettre à notre corps de reprendre des forces. Demain matin, nous partons pour Nido, avec tout notre matériel pour plusieurs jours. Pour continuer notre acclimation, nous allons possiblement grimper jusqu'à Berlin camp (5 780 m) et revenir faire dodo a Nido. Comme nous sommes en autonomie, donc sans guide et sans info sur la météo, nous sommes devenus amis avec des british qui ont pas mal le même plan de match que nous et qui serons a Nido en même temps que nous. Ainsi, nous aurons accès a la météo et pourrons déterminer a quel moment nous attaquons le sommet. Patrick fait la blette et se promène partout pour avoir le plus d'informations possible. La sécurité est notre premier critère. Patrick repart de Santiago le 7 janvier alors nous avons du temps devant nous. Il sufffit d'être patient. C'est dommage car dans un monde idéal, on faisait le sommet le 29 décembre et le 31 décembre, on se retrouvait a Los Penitentes, avec douche, bon repas chaud, vin, bière et bon lit confortable.
Ainsi, je ne peux pas pas vous confirmer à quel moment vous aurez des nouvelles de nous car à partir de maintenant, plus accès à Internet.
Trop drôle, pendant que je vous écrivais, confortablement assise dans ma chaise thermarest près de la tente, on a entendu une mini explosion dans la tente. Hihihi...c'est la balloune verte accrochée au plafond de la tente qui vient de crever. J'ai donc crié : Joyeux noël !!
Malheureusement, considérant le coût d'internet, je n'ai pas lu vos messages, je ne fais que vous donner des nouvelles pour vous faire savoir que tout va merveilleusement bien !!!! Internet est cher et ne fonctionne pas très bien. C'est d'ailleurs ce qui explique que vous avez reçu un message de mon ami Flo car je n'avais pas d'autre solution, n'ayant pas accès a Yahoo, ayant oublié mon mot de passe Hotmail, et impossible d'ouvrir le document word que j'avais préparé sur mon lap top.....ahhh les technos, comme ça peut me faire rager des fois. Patrick a découvert une facette de moi ce jour là....ahahah ! Nous avons de superbes photos qui vous seront partagées lors de notre retour dans la civilisation.
Je dois filer, nous devons préparer tous nos bagages, prendre une autre luxueuse douche et nous reposer.
Plein de becs, sucrez vous l'bec pour moi ! Nat xxxxx

Base camp Aconcagua

MESSAGE ÉCRIT LE 22 DÉCEMBRE 2010 MAIS QUI N'A PU ÊTRE PUBLIÉ SUR MON BLOGUE EN TEMPS RÉEL
Coucou !
Actuellement, je suis assise dans ma chaise Thermarest, au base camp de l’Aconcagua. Il fait environ 10 a 15 degrés, avec la chaleur du soleil, dont nous ne sommes pas très loin. Ce lieu est appelé « Plaza de las Mulas » et se situe à 4 300 mètres d’altitude. Déjà 4 jours que nous sommes en montagne.
Comme prévu, j’ai accueilli Patrick a l’aéroport de Santiago vendredi le 17 et par la suite, nous avons pris le bus Santiago – Mendoza qui devait durer 6 heures. Mais, le passage a la douane argentaine n’étant pas qu’une petite affaire (on débarque tous de l’autobus, on passe un par un a la douance, ils sortent tous les bagages, etc…) nous sommes arrivés a 19h a Mendoza, sans un peso argentain mais avec des bagages pour 6 !! Un new-yorkais habitant Mendoza est venu nous porter dans son taxi avec tout le matériel. J’ai du me faire mini a l’arriere pour que l’on arrive a entrer dans un seul taxi. Nous avons eu droit a un accueil très chaleureux a l’hotel Nutibara pres de la Plaza Independecia. Apres avoir débarque tous nos bagages, nous avons relaxé dans la chambre avant de nous rendre au resto Azafran (tu peux me corriger Francois si ce n’est pas ca) ou nous avons mangé de l’excellente bouffe accompagnée d’un super bon vin de Mendoza. Premiere journée éprouvante pour Patrick qui arrivait tout juste de son vol Montréal – Miami – Santiago.
Le rush de départ a été assez incroyable mais tout est bien organisé.  Samedi matin, on a couru pour acheter le permis qui nous a couté 3 000 pesos argentins, soit environ 750 $. Ensuite, la bencina blanca (gaz blanc) pour le réchaud, finaliser les achats de bouffe, les quelques médicaments manquants, notre dernière bière et bouffe dans la civilisation ;-) A 15h30, nous partions dans le bus pour revenir tout pres de la frontiere Argentine-Chili. Le monsieur qui met les bagages dans le bus au terminal a fait la passe avec nous. Il nous a demandé d’aller du côté gauche de l’autobus pour entrer nos 6 sacs dans la soute a bagages. Wise guy, il nous a chargé 80 pesos (20 $) pour l’extra de bagages, argent qu’il a finalement mis dans ses poches. Drôle de hasard, nous faisons la connaissance dans l’autobus de deux montréalais, Patrice et Sébastien, qui s’en vont eux aussi grimper l’Aconcagua mais pour la voie « fausse polonaise ». Nous espérons nous retrouver a Mendoza ou a Montréal un de ces quatre pour nous raconter nos expériences respectives. En arrivant a Los Penintes (village de départ pour l’une ou l’autre des voies), on se fait dire que l’on doit laisser nos bagages a être livrés par les mules a Las Confluencias, dans 1 heure seulement. Ouhhh la, méchant rush de fou, dans le hall extérieur de l’hotel Ayelen pour préparer 2 sacs de 30 kilos. Pour finaliser la soirée, nous avons soupé avec Patrice et Sébastien. Je reprends mot pour mot ce que Patrice m’a dit dans la soirée : aille mais ça prend des couilles en esti pour faire ce que tu fais, partir un an, laisser toute ta vie en suspend, venir grimper l’Aconcagua, sérieux man, tu m’impressionnes !! Les gens a l’hotel Ayelen sont surpris d’apprendre que nous partons Patrick et moi seuls pour attaquer ce monstre de 6 962 mètres, sans guide, cuisinier ou organisation quelconque. La seule aide que nous avons est celle des mules qui montent notre stock. Mais, apres le base camp, les mules, ce sera Patrick et moi car elles ne montent pas plus haut.

Le vrai départ est donné dimanche le 19 décembre a 13h. La première journée est plutôt facile avec juste 350 metres a grimper. Moins de trois heures plus tard, nous arrivons a Las Confluencias. Une fois la tente montée, nous passons au medical afin qu’ils vérifient notre pression, taux d’oxygène dans le sang et rythme cardiaque. Tout est parfait, nous sommes autorisés a poursuivre notre route. Nous faisons partie des rares grimpeurs qui le font en autonomie. On s’est même fait demandé pourquoi on n’avait pas pris une expédition toute organisée avec la bouffe, les tentes, les guides etc. On n’a pas trop su quoi répondre autre que …..parce que c’est comme ça ?!!! Le gars qui nous posé la question ne savait même pas ce qu’avait Patrick dans les mains et pourtant, ce n’était qu’un poêle pour cuisiner notre bouffe !! <La première nuit, nous l’avons passé à Las Confluencias à 3 300 mètres.
Deuxième journée, petite rando d’acclimatation jusqu’à Plaza Francias a 4 100 mètres d’altitude. En chemin, nous faisons la connaissance de Alicia et Alvaro qui font le tour du monde en vélo. Woooooo ! Jusqu’à maintenant, il ont fait Vancouver – Alaska et ont même connu Russell et Loralie que j’ai connu sur la route en Californie. Le monde est pti ! Ils finalisent leur portion Perou – Chile. Ils ont été bien surpris d’apprendre que Patrick et moi, on ne se connaissait pas vraiment car on ne s’était vus qu’une seule fois avant de se ramasser ici. Ce qui s’est produit est lors de mon message de départ le 18 septembre, je vous ai tous invité a venir me rejoindre sur la route. Patrick a répondu a l’appel pour la portion Aconcagua. Pour la deuxième fois, nous dormons a Las Confluencias.
 Troisième journée, l’objectif est de se rendre au base camp situé a 4 300 metres. La route est longue malgré que l’ascension se fait en 2 portions assez intenses. Le reste de la route consiste davantage a avaler du milage et traverser une riviere.  Par chance, nous n’avons et qu’a la traverser qu’une seule fois et ainsi, marcher 3 heures, les bottes complètement mouillées.  Il a neigé un peu hier soir mais nous sommes très confortables dans la chaleur de la tente.
Je m’entends super bien avec Patrick, j’ai l’impression que l’on fait une super bonne team. Sa vaste expérience d’organisation d’expéditions en montagne combinée a ma mini expérience de haute montagne fait un super bon mixx ! On rit tout l’temps et disons qu’on a vraiment l’occasion de se connaitre a vivre rapproches ainsi pendant 3 semaines. Nous sommes très souvent sur la même longueur d’onde et tous les deux très faciles a vivre et habitués a vivre dans des conditions assez sommaires comme celles que nous connaitrons pendant cette expérience enrichissante. Je suis choyée et traitée aux ptis oignons, vous n’avez pas a vous inquiéter.
Au base camp, il y a environ 150 personnes et la très très grande majorité, ce sont des hommes, il n’y a que quelques filles…..yiiipppiiie !  Il y a même une toilette toute peinte de rose qui nous est réservée….coool ! Aujourd’hui, on relaxe, on ne prévoit pas faire grand-chose autre que peut-être se payer le luxe d’une douche a 10 $, lire, dormir dans la tente la porte ouverte pour laisser entrer le vent frais des montagnes. Ici, on a même la possibilité d’acheter de la bière, des cigarettes et du vin, sûrement hors de prix mais c’est pour vous dire comme c’est assez civilisé. Il y a de la musique qui joue dans une tente voisine et quelques personnes comme nous sont en journée off. Les autres sont partis pour grimper. Je les vois très bien en haut a ma droite, marcher a un rythme tres lent, a zigzaguer dans la montagne.
Demain,ce sera notre tour, nous comptons grimper jusqu’à Plaza Canada a 4 910 mètres et redescendre au base camp pour le dodo.  Comme le sommet est a 6 962 mètres, idéalement, il faudra dormir le plus haut possible pour rendre l’ascension finale pour facile. Dans notre mire comme camp pour l’ascension finale : Nido de condores (5 350 m) ou Berlin camp (5 780) ou autre, selon la température et notre réaction a l’altitude. Mis a part quelques maux de tête mineurs, tout va très très bien ! Le ciel est très clair actuellement, ceux qui sont partis cette nuit pour le sommet sont choyés !
Je ne prévois pas écrire très souvent car un 30 minutes d’internet coute….20 $ !!! En wise girl que je suis, j’ai utilisé mon lap top pour composer le message avant de le mettre en onde. Je risque de peut-être lire vos messages mais ne pas y répondre avant janvier 2011. Je dois vous quitter car mon clavier noir brille au soleil depuis une bonne heure, les touches sont un peu brulantes ! Viennent tout juste d’arriver à côté de nous, un couple de slovéniens d’une cinquantaine d’années. Ils ont fait le sommet hier alors nous avons plein de questions pour eux.
Pour plus d’informations ou pour des maps, vous pouvez consulter les liens suivants ou tout simplement googler Aconcagua pour trouver de l’info :

Je ne vous reparlerai pas d’ici Noël alors amusez-vous bien, nous ferons de même, possiblement en compagnie d’autres grimpeurs au base camp. Mééééééélanie, j’ai bien hâte de lire ta carte dans 2 jours ;-)
A bientôt, je vous embrasse, Nat xxx