lundi 31 janvier 2011

Parque de los Glaciares

Le jeudi 20 janvier au matin, ma route et celle de mes amis Flo et Alex se séparaient. Mon prochain objectif était d’aller visiter à nouveau la Patagonie mais cette fois-ci, du côté argentin. Après 5 heures d’autobus, j’étais rendue à El Calafate, une petite ville de 15 000 habitants fort visitée par les touristes en raison du glacier Perito Moreno. Je ne savais toujours pas si j’allais m’y rendre. Près de 1 000 touristes s’y entassent à tous les jours et paient près de 100 $ pour aller voir un glacier. Je ne suis pas friande des endroits bondés de touristes, d’autant plus que je revenais d’en voir un glacier en compagnie de 2 amis et personne d’autre. J’avais en tête de préserver la magie de ce moment vécu avec eux. À El Calafate, j’ai fait mes provisions pour 5 jours de rando, ai loué une tente et voilà, j’étais prête pour me rendre à El Chalten, village d’entrée du Parque de los Glaciares où ne vivent que 600 habitants.

Carte du Parque nacional de los Glaciares :
http://en.argentina-excepcion.com/index.php?option=com_content&task=view&id=953
Vendredi matin, j’ai retrouvé dans le bus nos deux amis hollandais, Yuris et Wooter, ayant réussi à communiquer nos plans par courriel. C’est ainsi qu’à 13h environ, nous avons entamé notre rando après avalé une pizza et bu une bonne bière. Le sentier d’environ 2h30 nous réservait quelques mètres de dénivelé mais rien de trop difficile pour atteindre le « campamento d’Agostini ». Le ciel s’est couvert pendant ce temps et c’est pourquoi j’ai passé le restant de la journée dans le confort de ma tente à somnoler, lire, écrire et finalement, me coucher tôt !!
Au réveil, la pluie tombe et les vents soufflent sur ma tente malgré que nous sommes cachés dans une forêt. Notre départ est donc un peu moins précipité que ce que nous envisagions faire. Nous allons donc d’abord tenter de nous rendre au prochain camping, le « campamento Poincenot » et voir ce que nous ferons par la suite. À la sortie de la forêt, nous avons vite été trempés par la pluie qui tombait. Une portion du sentier longeait deux lacs, Laguna Madre et Laguna Hija, où nous étions largement exposés aux rafales de vent qui pouvaient atteindre jusqu’à environ 100 kms/h. Il était parfois difficile d’avancer, d’autant plus que la pluie fouettait nos visages que nous tentions de cacher sous nos capuchons de manteaux. Mes bottes, vieilles de 8 ans et pleines de trous, ont vite été trempées, je flottais dans mes bottes ! Je n’avais pas de plaisir mais Wooter derrière semblait en avoir encore moins que moi, je l’entendais continuellement se plaindre. Enfin, nous avons aperçu une affiche qui nous informait qu’il ne restait que 15 minutes avant le camping Poincenot. Yuris et Wooter ont échangé dans leur néerlandais incompréhensible mais en voyant Wooter donner la nourriture et le réchaud à son frère Yuris, j’ai compris qu’il nous abandonnait. Sa décision était prise, c’était non négociable, il n’avait pas de plaisir et s’en retournait donc à El Chalten et même si possible, changeait son billet d’autobus pour entrer à El Calafate le jour même. Notre trio était donc rapidement devenu un duo. Yuris voulait poursuivre la route en direction d’un refugio où nous allions pouvoir nous réchauffer mais je ne savais pas si j’allais pouvoir survivre au froid et aux vents pendant les 2 heures de route qu’il nous restait. Je lui ai donc proposé d’aller au campamento Poincenot, de monter ma tente afin que l’on puisse manger un peu et que j’arrive à me réchauffer. Une heure plus tard, nous avons fait le choix de continuer en direction du refugio car de demeurer au campamento n’allait pas nous permettre de sécher tout notre matériel complètement détrempé. Bonne nouvelle !! La pluie avait cessé mais les vents soufflaient encore et rapidement ont pu sécher nos vêtements. Plutôt que d’aller au refugio luxueux et très cher, deux allemands croisés dans le sentier nous ont recommandé d’aller à l’estancia Rincanor (absente sur la carte mais complètement au nord, sur la route en noire) qui se trouvait à 45 minutes de marche de plus, sur une route de gravelle. Nous avons fait du pouce et avons pu embarquer dans la boîte de la première camionnette à passer !! Yééééé ! Pour 70 $, nous avons loué une petite maisonnette avec deux chambres, salle de bain, cuisine et salle à manger et une super chaufferette ! Tout était étendu sur les chaises, par terre et j’avais même installé mes bottes directement sur la chaufferette et je les ai laissées « cuire » là un peu trop longtemps. Roxanna a été très accueillante et nous a cuisiné un excellent « milanesa napolitana » avec des patates frites comme me faisait ma maman quand j’étais jeune. On s’est vraiment régalés !!
Le lendemain matin, c’était un nouveau départ pour nous ! Tout notre matériel était maintenant complètement sec. Seul petit hic, mes bottes, de taille initiale 38 avaient rapetissé sur le calorifère. Celle de gauche était rendu environ un 37 mais celle de droite était encore plus petite, soit un 36 environ. Pour tout dire, j’ai dû retirer mes orthèses de mes bottes pour être capable de les enfiler. Tout de même, celle de droite me faisait souffrir et c’était loin d’être confortable sans rien pour jouer le rôle de semelle ! Nous avions analysé la carte la veille et notre plan était de longer le Rio Électrico afin de nous rendre au refugio de Piedra del Fraile deux heures plus loin, auquel nous avons dû additionner le temps de marche sur la route de gravelle, n’ayant pas eu la même chance que la veille pour réussir à attraper un « lift » sur la route. Rendus au refuge, nous avons déposé nos effets dans le dortoir, mangé un peu tout en jasant avec d’autres randonneurs qui nous ont suggéré d’aller au Paso del Cuadrado à 1 830 mètres pour voir le glacier Fitzroy. Ce refuge n’est pas indiqué sur le lien joint au début du message. Il se situe sur la ligne mauve en haut, environ sur le i de Argentina. Également, la route qui mène au Paso est manquante mais en réalité, nous nous trouvions tout près du Cerro Électrico qui fait 2 257 mètres. Là-haut, au Paso, nous étions seuls et à quelques mètres de l’immense glacier Fitzroy et de son lac turquoise à la base. Ces moments, que peu de touristes vivent car ils préfèrent s’en tenir aux endroits accessibles (à ma grande joie), font partie de mes « highlights » de voyage. L’effort est pleinement récompensé quand on se retrouve là-bas, loin des foules et des milliers de flashs de caméra !! Lorsque nous avons amorcé notre descente, nous avons croisé deux asiatiques dont l’un des deux était…..en BÉQUILLES !!!! Woooowwww, je lui ai tout de suite dit comme il m’impressionnait, et avec raison, quand on sait que plein de gens en pleine forme se contentent de se prélasser dans leur divan. À notre retour au refugio, une grosse averse débutait à peine. Quelle chance, nous étions à l’abri !!
Quand on se promenait dans les sentiers, notre souhait le plus cher était de voir un puma !!! On nous avait dit qu’il y avait de fortes chances que nous en apercevions un sur notre route et de ne pas s’énerver, ils ne sont pas dangereux mais plutôt craintifs à la vue des humains. Malheureusement, je n’ai pas vu de puma. Le seul que j’ai vu était un « mini-puma » couché devant le foyer dans le refugioe et qui acceptait, sans broncher, chacun des « flat flat » qu’on lui faisait. Il m’a rappelé mon gros matou ;-)
Quatrième journée, nous parcourons la route entre Piedra del Fraile et le campamento Poincenot, en arrêtant quelques instants au glacier de Las Piedras blancas. À nouveau, nous sommes loin des touristes, c’est dans un calme plat que j’admire cette énorme masse de glace devant moi et espère à nouveau voir une portion s’effondrer. À notre arrivée au camping Poincenot, l’un des plus achalandés du parc, nous déposons notre matériel et décidons de partir longer le Rio Blanco pour nous rendre à la Laguna Sucia. Personne mais vraiment personne n’est croisé sur la route. Pourtant, le sentier est identifié sur la map mais la majorité des gens visitent uniquement la Laguna de Los Tres, à la base du Fitzroy, plus haut sommet du Parc des Glaciers.
Pour éviter les masses de touristes et avoir le plus beau spectacle possible, nous décidons de grimper à la Laguna de los Tres au lever du soleil, pour notre cinquième et dernier matin. Nous avions convenu de partir vers 6h30, alors que le soleil est levé mais pas les touristes. Yuris entend des touristes se réveiller vers 4h30 du matin. À 5 heures, inquiet de manquer le spectacle, il vient près de ma tente pour me réveiller en me disant : « I think we should go now, everybody is going there and I think we are the last one to go». En 5 minutes, je suis à l’extérieur, fin prête pour grimper les 500 mètres nous séparant de la base du Fitzroy qui est aussi appelé Chalten et qui signifie « montagne qui fume » et ferait allusion aux nuages presque toujours accrochés à la cime du Fitz Roy. Puisque Yuris ne veut pas être le dernier, je prends un rythme assez rapide pour être certParqueaine d’arriver là-haut avant que les rayons du soleil brillent sur le rocher et lui donnent des tons de couleur différents. Possiblement que Yuris a regretté de m’avoir dit que nous étions les derniers !! Je lui ai fait goûter à ma médecine, lui qui vit dans un pays quasi absent de dénivelé, je lui ai montré qu’une montagne, ça peut se grimper assez rapidement. Pauvre lui….ahahah, nous avons dépassé presque tout le monde partis plus tôt que nous. Nous avons donc pu attendre que le soleil se lève et observer le spectacle. Plusieurs photos ont été ajoutées sur mon site Picasa pour vous donner droit à la magie créée par les rayons du soleil.
De retour au campamento Poincenot, pendant que Yuris finalisait ses bagages, j’ai ai profité pour remercier une dernière fois mes bottes qui m’ont si bien rendu service pendant les 8 dernières années. Sur chacune d’entre elles, j’ai inscrit un message. Je savais que la route Poincenot – Chalten (entrée du parc) était leur dernière route qu’elles allaient parcourir car je comptais les laisser à l’entrée du Parque nacional de Los Glaciares. Je trouvais que c’était une belle mort pour des bottes, toutes percées, puantes et qui risquaient à tout coup de m’abandonner. Leur vie était terminée….. À la sortie du parc, nous avons eu bien du plaisir à les lancer dans les airs dans l’espoir de les voir accrochées à l’arche sous lequel plusieurs touristes passent chaque jour et qui annonce le sentier du Fitzroy. Possiblement qu’elles ne s’y trouvent plus aujourd’hui mais ça me fait sourire en m’imaginant les touristes rire des bottes accrochées là !!!!

De retour a el Calafate et pour terminer mon aventure patagonienne, je suis allée prendre un dernier souper de « parrillas », les fameuses grillades de l’Argentine avec Yuris et Wooter.
Le jour suivant, j’ai quitté El Calafate pour me rendre, 28 heures plus loin, à Bariloche. C’était ma toute première expérience d’un aussi long voyage en autobus, tout s’est bien déroulé. C’est comme prendre un avion en première classe. Les bancs sont larges, s’inclinent presque complètement, il ne manque que la bonne bouffe !!
Allez, je vous laisse apprécier la Patagonie à nouveau ainsi que le spectacle matinal du Fitzroy !!

Natalia xxx