mardi 3 mai 2011

Enfin, je l'ai trouvé !!

Après un long et pénible voyage en avion via Londres (pensez-y à 2 fois avant de choisir cet aéroport, ….j’ai détesté !), je me suis retrouvée à Madrid avec mon meilleur ami URock. C’est donc à nouveau confortablement installée dans ma centrale informatique que je vous écris.
Mon compteur au départ

Vendredi 29 avril
Contrairement à ce que j’avais prévu, j’ai dû partir à vélo du centre-ville de Madrid. Une toute première expérience pour moi qui a l’habitude d’éviter les grandes villes avec ma bécane. Ça s’est somme toute bien passé puisque j’avais prévu le coup en inscrivant le chemin à suivre, proposé par Google Maps. Si je n’ai fait que 75 kms dans cette journée, c’est probablement en raison des nombreux détours que j’ai dû faire ou interventions auprès des locaux afin de trouver mon chemin. Après Leganes et Fuenlabrada (où j’ai écouté le mariage princier tout en dînant dans une station-service), mon périple s’est gâché à Grinon où je n’arrivais pas à retrouver les rues proposées par Google Map. Merci à la dame qui m’a finalement indiqué le chemin à suivre pour atteindre Leminchar, ce petit village où j’ai fait ma toute première crevaison. Première journée, première crevaison ! Bon, ça va, c’est prévisible mais ce qui n’était pas prévu est que j’ais placé dans mes sacoches de vélo 2 tubes de rechange pour un vélo de route (celui que mon père avait loué à San Diego pour ceux qui me suivent depuis le début !!). Bravo Nat, deux morceaux de robot !! Que faire ? Je suis à plus de 25 kms de Toledo, la seule ville où je peux compter trouver de l’hébergement et un magasin de vélo. J’ai déniché un « kit de patchs » dans mes sacoches alors c’était pas mal l’unique solution que je voyais pour l’instant. Tel que je m’y attendais, la réparation n’a pas tenu le coup trop longtemps. Rendue à Recas, le village suivant, j’ai dû arrêter dans une station-service, à la recherche d’une meilleure solution, du moins plus durable ! Pas de camping, pas de boutique de vélo mais un gentil monsieur qui nous ont amenés, moi et ma roue avant, au garage de pneus de Recas. On a réparé mon tube pour un gros zéro euros et le gentil monsieur est venu me rapporter à la station-service. Une première preuve de générosité des espagnols ! Alors que je m’affairais à replacer tous mes trucs sur mon vélo, un autre monsieur est venu me voir pour me faire savoir que mon pneu avant était dégonflé. Sapristi ! La réparation a tenu environ 10 minutes. Que faire ? Maintenant, il tombe une méga grosse averse sur Recas, les orages, éclairs et tout le tralala et je suis à nouveau dans l’pétrin ! Cet homme, Juan Antonio, m’a fait savoir qu’il s’en allait travailler dans quelques minutes tout près de Toledo et qu’il lui ferait grand plaisir de me rendre service. Yé ! Deuxième preuve de générosité des espagnols !!! J’ai donc embarqué URocK dans sa bagnole et nous sommes aussitôt partis. Il m’a laissé dans une station-service de Toledo où j’ai pris les informations pour me rendre au camping, où j’espérais me rendre en marchant tout en tenant mon URock qui fait tout près de 100 livres. Demain, j’allais régler mon problème de  « flat », pour le moment, j’en avais assez !! Mais, Faustino ne voulait pas me laisser dans un sale pétrin….troisième preuve de générosité des espagnols !! Avec sa pompe qui se trouvait dans le coffre arrière de sa voiture, il a tenté de gonfler mon pneu avant mais sans grand succès. Il m’a proposé de l’attendre, il allait passer chez lui pour récupérer une meilleure pompe. Mais, comme cela ne m’apparaissait pas être une solution de longue durée, je lui ai plutôt demandé de m’indiquer le chemin pour une boutique de vélo ou j’escomptais régler mon problème une fois pour de bon !! Avec fierté, il m’a envoyé à la boutique Jimenez où lui, un grand cycliste, va très souvent. Il a même pris la peine d’inscrire sur la map de Toledo que je tenais dans mes mains « atender bien a esta chica » (prendre soin de cette jeune fille). Les Jimenez ont donc réparé mon pneu avant et m’ont vendu deux tubes faits pour mon vélo, pendant que moi, j’allais récupérer quelques provisions au supermarché. Fiou, il est 20h, je ne suis pas très loin du camping Greco, il y a de fortes chances que j’arrive avant la tombée du jour ! Ouf, dois-je vous dire que j’étais contente d’arriver là-bas. Je n’avais pas soupé, ma tente n’était pas montée, je n’étais pas douchée mais au moins…..ma première journée était presque finie !!!! Ma conclusion de cette journée : il est facile d’être une fille seule à vélo, nul besoin de demander de l’aide, ça vient tout seul à nous !!!
Kilomètres parcourus : 75 kms seulement en 4h36
Toledo

Samedi, 30 avril
N’ayant toujours pas récupéré des dernières journées mouvementées (à noter que le 26 avril au matin, je quittais Cancun en direction de Montréal et mes bagages de vélo étaient loin d’être prêts), j’ai mis du temps a me lever, plier mes bagages et aller dessiner mon itinéraire sur Google Maps. Ce fut une journée pas meilleure que l’autre, sinon pire ! Virer en rond comme je l’ai fait, c’est quasiment inimaginable. J’ai même osé emprunter l’autoroute alors que je n’avais pas le droit. Google Maps….plus jamais ! Vivement les bonnes vieilles cartes routières ! Actuellement, celle que je détiens est une 1 : 700 000 ce qui n’est pas suffisamment détaillé, je vais me procurer une 1 : 400 000 dès que je serai dans une plus grosse ville. En plus, a demander l’aide des gens, je me suis aperçue que peu connaissent les environs. Une personne me dit de tourner à gauche alors que l’autre me dit de tourner à droite. Les routes indiquées sur Google Maps n’existent tout simplement pas ou portent un numéro différent. Après Toledo, je devais passer par Burguilos, Ajofrin, Orgaz, Los Yebenes et finalement Consuegra. Après avoir enfin atteint Burguilos, j’ai décidé de rouler sur la nationale 401 mais sans trop savoir si j’y avais droit. C’est l’équivalent de rouler sur la 138 a Québec, donc 2 voies qui se rencontrent. Par chance, l’accotement était assez généreux mais les décors sur une route nationale laissent plutôt a désirer. Passé Ajofrin, le ciel s’est noirci et une grosse averse a alors débuté. C’en était trop, malgré le minable 50 kms affiché sur mon compteur, j’ai décidé de mettre un terme a cette journée en arrêtant au seul hôtel de Orgaz, celui ou tous les hommes vont perdre leur dimanche après-midi en prenant un, voire plusieurs verres ! Demain devrait être une meilleure journée que je me suis dit en me couchant sur (je n’ai pas dit dans puisque j’ai opté pour mon bon sleeping) le lit dur comme d’la roche !!
Kilomètres parcourus : 50 kms en 3h14
Dimanche, 1er mai, fête du travail en Espagne
Le soleil brillait à mon réveil, c’était déjà ça de gagné après deux journées nuageuses. Ma stratégie était maintenant de ne tracer que mon itinéraire sur ma carte routière et d’inscrire le nom des villages par lesquels j’allais devoir passer. Ainsi, plus de temps perdu à chercher des routes inexistantes, j’allais maintenant pouvoir me fier sur les affiches ou demander aux gens dans quelle direction aller pour atteindre le prochain village. Tout s’est merveilleusement bien déroulé à ce niveau. Après Arisgotas, une longue ascension m’attendait et cela m’a rappelé des souvenirs de la Corse. Mon corps répondait tout de même assez bien à l’effort qui était demandé. De l’autre côté de la butte, après avoir visité Marjaliza, je me suis retrouvée sur la CM- 4017, une route de campagne quasi fraîchement asphaltée. Un pur délice, ça roulait si bien !!!!

Enfin, je l’ai trouvé…..mon beat, mon rythme qui me convient, le confort et le plaisir de rouler sur ma bécane.

Au passage de chaque petit village, je prenais plaisir à saluer les gens, ce que j’avais peu fait depuis mon départ. Voilà une preuve qu’enfin, j’étais bien ! Court arrêt à El Molinillo, un village d’au plus 100 têtes, pour prendre mon repas du midi et remplir mes gourdes. Couchée au soleil, j’ai « roupillonné » quelques instants avant de repartir à nouveau sur la CM-4017.

La route est quasi déserte, j’ai rencontré plus de cyclistes que de voitures si je ne m’abuse. Les cyclistes m’ont d’ailleurs avisé qu’entre Retuerta del Bullaque et Horcajo de los Montes, ma destination finale, se trouvait le Parc national de Cabaneros et que j’aurais à affronter de nombreuses montagnes. Ils avaient tant raison ! Vingt kilomètres de « up and down », à la fin d’une journée !! Heureuse, je suis arrivée au Mirador de Cabaneros, un magnifique camping qui a vue sur Horcajo, un joli petit village dans une plaine.
Kilomètres parcourus : 96 kms en 5h13

Lundi, 2 mai
Quatrième journée et non la moindre ! Au départ du camping Mirador de Cabaneros, je vais m’informer au petit village de Horcajo de los Montes pour savoir lequel des deux chemins possibles est le meilleur, c’est-à-dire le plus facile. Sans hésiter, deux hommes me font opter pour celui qui passe par Villarta de los Montes, soit disant qu’il y a moins de montées. Ouf, j’ai peur de l’autre route si celle que j’ai empruntée est censée être la plus facile ! Oui, les chemins étaient jolis et agréables à parcourir mais j’ai passé ma journée à monter et monter encore.

Après seulement 38 kms, j’en avais ma claque, j’étais prête à accrocher mon casque, retirer mes gants, enlever mes lunettes de soleil et accoter mon cheval d’acier sur un muret de pierres. Les quelques miettes d’énergie restantes m’ont été fort utiles pour me rendre à Villarta de los Montes. Il était grand temps que j’avale quelque chose, mon niveau d’énergie était à son plus bas. Je me suis donc retrouvée assise devant la « tienda » du village, à placoter avec les habitants du coin. J’ai fait la connaissance de Adriana, une brésilienne qui habite dans ce village depuis 9 ans…mais ne s’y plait pas vraiment. Je vous laisse imaginer le scénario. Il est 13h, il y a environ une dizaine d’espagnols qui boivent de la bière et fument devant le magasin principal. Et moi, hé bien je me retrouve au travers de ça. Adriana est très gentille et accueillante. Sans hésiter, elle me propose d’installer ma tente dans sa cour arrière et de poursuivre ma route demain. Hummmm….fort tentant …jusqu’au moment où une guerre mondiale (j’exagère à peine !!) éclate entre les femmes du groupe. Cela m’a suffit pour me convaincre que je devais enfourcher mon URock et quitter l’endroit. M’attendaient alors 60 nouveaux kilomètres. Ouf, moi qui étais rassasiée après 38 !! Mais, je sens que je n’ai pas vraiment le choix. Les premiers 20 kms ont été souffrants car à nouveau, mes mollets devaient pousser mon vélo, sa charge ainsi que moi-même. Mes jambes étaient inexistantes….je me suis demandé où elles avaient bien pu disparaître. Après les 20 kms de montagne, il me restait 21 kms de route nationale à parcourir et 18 d’un petit chemin de campagne. Rendue à destination, soit Talarrubias, je m’informe pour le camping Puerto Pena. On m’annonce qu’il me reste au moins 14 kms à faire….  « NOOOOONNNNNNNN…. je vais mourir », telle a été la réponse que j’ai faite à la gentille fille qui m’a donné l’info. Je n’avais plus d’énergie, j’étais à E….E comme dans Empty, comme dans Extrêmement fatiguée, comme dans Exténuée….comme dans Écœurée !! Par chance, les kms restants étaient majoritairement en pente descendante mais tout de même, je les ai trouvés longs, extrêmement longs ces derniers kms. Il ne m’est pas arrivé souvent de dépasser le cap des 100 kms et quand je l’ai fait, c’était dans des conditions idéales, donc vent favorable, route impeccable, peu de dénivelé ascendant.  Mais cette fois-ce, ce n’était pas le cas ! Le sympathique propriétaire du camping a lu dans mon visage à mon arrivée. Il a dû lire « écourite aigue » sur mon visage puisqu’il est parti à rire en me voyant. À mon grand bonheur, lui et sa femme ont bien pris soin de moi pendant 2 jours puisque j’ai décidé de prendre OFF en ce mardi 3 mai.
Kilomètres parcourus : 113 en 7h00

Changement de sujet….ma campagne de levée de fonds pour le Relais pour la vie va bon train. Merci à Maude, Nicolas, Stéphanie, Anne et Sandy qui ont donné généreusement. Toutefois, le total des kilomètres parcourus en 4 jours est de 335 alors que le total des sous amassés pour le Relais pour la vie est de 225 $.  Hummm, je fais un don de 25 $, vous égalisez ma mise ??

Maintenant, vous voulez savoir ceux qui m’inspirent dans ce voyage ? Très souvent, mes lectures sont celles d’hommes et de femmes qui ont démontré que l’impossible était possible. Pendant mon séjour avec Patrick à  Isla Mujeres au Mexique, j’ai lu deux livres fort inspirants : Maud Fontenoy (Le sel de la vie) et Mike Horn (Objectif : Pôle nord de nuit). Maud a fait le tour de l’hémisphère sud en voilier mais à contre-courant alors que Mike a atteint le pôle nord de nuit, en compagnie d’un autre crinqué comme lui ! Mais, celui qui m’inspire le plus ces jours-ci, c’est un québécois, Rémi Lafrenière ! Il va bientôt compléter le tour des Amériques à vélo en un an. Jusqu’à maintenant, il a parcouru plus de 65 000 kms avec son vélo ! Pensez-y quelques instants ! Vous êtes étonnés d’avoir roulé 40 000 kms en 1 an avec votre voiture ! Lui, ben il en a juste parcouru 65 000 kms avec son vélo jusqu’à maintenant. Je l’ai d’ailleurs surnommé « mon Mike Horn à bicyclette ». Il a eu beaucoup de difficulté à avoir de la pub pendant son voyage, j’ose espérer que son exploit sera reconnu, qu’il le complète ou non. Il ne lui reste que 18 jours avant d’arriver à Joliette, sa ville natale. Je pense souvent à son exploit pendant que je pédale et je me demande tout simplement comment il fait pour y arriver : trouver son chemin et un lieu pour dormir, faire des provisions, manger, etc… Et comment son corps fait pour survivre à 250-300 kms par jour ?! Viande à chien ! J’ai fait 335 kms en 4 jours, il en a fait 337 en une seule journée dernièrement !!! J’ai de la misère à résister à plus de 100 kms par jour !!! Il m’impressionne solidement…. Rémi, tu es mon idole !!

Allez, je vous dis à bientôt, dans quelques dizaines de kilomètres !!!
Natalia xxx