dimanche 15 mai 2011

Ta....comme dans Talarrubias, Tarifa et tabarnouche de vent !

Talarrubias - Pozoblanco
Après une bonne journée de repos, j’étais fin prête à retrouver la route avec mon URocK ! Pour débuter, je devais retourner sur mes pas (je devrais plutôt dire sur mes coups d’pédale !!) à Talarrubias. Une fois Puebla de Alcocer contournée, je me suis retrouvée dans un magnifique décor. Il y avait une grosse butte en plein milieu d’un lac et une route était tracée tout le tour de la butte pour nous permettre d’atteindre un pont qui traversait cette étendue d’eau. Les kilomètres s’accumulaient rapidement sur mon compteur sans que je m’en aperçoive tellement je prenais plaisir à rouler dans cet environnement.



Quelques minutes avant 14 heures, heure de fermeture des commerces en Espagne, je me suis arrêtée à Cabeza del Buey pour manger une bouchée. Déjà 60 kms étaient faits ! Les gens du village me disaient que Pozoblanco était encore à 60 kms de Cabeza del Buey. Pourtant Google maps m’avait indiqué 90 kms. Hummm….après vérification, c’est « Nat maps » qui était dans l’erreur, il y avait bien un autre 60 kms qui m’attendait. Sans tarder, j’ai donc poursuivi ma route qui débutait par une longue et belle descente avant d’atteindre la frontière de l’Andalousie ! Youpppiiiii, j’y suis ! Pour m’encourager à mouliner encore et encore en vue d’atteindre Pozoblanco, j’ai demandé au beau Chris Martin de me chanter quelques douces mélodies. Soudain, je n’étais plus sur ma bicyclette mais j’étais au show de ColdPlay !!! La nationale 420 était parfaite, il faut dire que les routes en Espagne se méritent une note quasi parfaite, c’est un réel bonheur de rouler ici. Le pavage est tout de même assez récent et les accotements sont généreux. Règle générale, les automobilistes sont assez respectueux, ils vont donc changer complètement de voie en prenant garde d’utiliser le clignotant la majorité du temps. Mais, à l’approche des grands centres, les comportements sont tout autres. On se fout pas mal du cycliste fou en bordure du chemin, on ne se doute pas une seconde comme il peut être dangereux de les frôler à vive allure. La voiture qui a, depuis le début de cette aventure, passé le plus près de moi est …..oh surprise….une voiture de police ! Poursuivons la route…À Belalcazar, j’ai aperçu mon tout premier château au sommet d’une butte.

Enfin, j’ai passé quelques villages, Hinojosa del Duque, Villanueva del Duque et Alcaracejos avant d’atteindre Pozoblanco. Les réponses que l’on obtient à nos demandes d’information sont parfois étonnantes et contradictoires. À Pozoblanco, un homme m’a dit que le camping Ciudad del Ocio était à 11 kms alors qu’à la centrale de police on m’a dit qu’il n’était qu’à 3 kms MAIS, ils ne pouvaient pas me dire s’il était ouvert ou fermé. Malgré l’heure tardive et mes 125 kms dans les jambes, je m’y suis rendue.  C’était finalement environ 5 kms et par chance, un sympathique couple était là pour m’accueillir. Le camping municipal est ouvert à l’année mais comme je suis en basse saison, j’étais la seule et unique cliente pour cette soirée alors à nouveau, j’ai été traitée avec beaucoup d’attention, surtout après leur avoir dit la distance que je venais de pédaler !
Kilomètres parcourus : 131 kms en 7h23
Pozoblanco – Cordoba
Pour bien débuter la journée, quoi de mieux qu’un détour qui ajoute un bon 15 kms à l’itinéraire prévu ?!?! Hihihi ! La première portion était tout de même assez en pente alors qu’on m’avait dit que le trajet était plutôt plat. J’ai fait un court arrêt à Villaharta pour faire le plein d’énergie et par chance puisque j’ai eu plusieurs belles et longues surprises après mon dîner. À un point tel que j’ai descendu une pente de 6 % pendant 5 kms à l’approche de Cordoba que l’on surnomme gentiment « Cordoue » !

Cette deuxième portion du parcours avait les allures de la route entre Baie St-Paul et Ste-Anne-de-Beaupré, ce qui signifie de longues montées et descentes, un accotement juste à moi, à mon grand bonheur puisqu’il y avait de nombreuses « vans » dont le vent créé par leur passage me poussait de tout bord, tout côté ! Enfin, j’arrive à Cordoba où le camping affiche un tarif exhorbitant…..23 euros alors que la veille, je n’ai que 7 euros. En soirée, je suis allée faire une courte visite de la ville en autobus.

Kilomètres parcourus : 91,2 kms en 4h50
Cordoba – Dos Hermanas (près de Sévilla)
Une première moitié de journée fantastique, une route plate, une vraie de vraie !! De plus, j’avais le vent avec moi alors ça roulait merveilleusement bien et tant mieux car je savais que plusieurs kilomètres m’attendaient !
Après mon dîner, j’ai poursuivi ma route et c’est là que j’ai vécu un moment « moins l’fun » disons ! Une camionnette était arrêtée dans le champ, la portière était ouverte et j’ai aperçu un homme qui, très librement…..se masturbait ! À ma grande surprise, je l’ai revu un peu plus loin alors qu’il recommençait son « pti jeu ». Je ne me sentais pas grosse dans mes « cuissards » (ahaha !) car j’ai bien senti qu’il me suivait. Par chance, la route était achalandée alors j’avais le feeling de pouvoir avoir recours à l’aide des gens qui circulaient sur la même route que moi. Je l’ai revu à quelques reprises mais cette fois-ci, à conduire sa voiture. Était-ce pour me pourchasser, je n’en sais rien mais à chaque fois, je l’ai ignoré, je ne voulais pas embarquer dans son « pti jeu ». Après un certain temps, qui m’a paru très long, j’ai fini par le perdre de vue. Puisque je ne me suis pas sentie en sécurité pendant ce moment, je suis allée le dénoncer aux policiers du village suivant qui sont rapidement partis à sa recherche. Par la suite, la route me paraissait interminable, le ciel s’était couvert, mes jambes se faisaient de moins en moins fortes mais enfin, le camping Villsom s’est présenté devant moi. Quant à moi, je me suis présentée à l’accueil, les deux bras dans les airs et le visage débordant de sourire mais aussi de fatigue !
Kilomètres parcourus : 146 kms en 7h22
Jour de féria, jour de fiesta à Sévilla
Je suis tombée follement amoureuse de cette ville, comment ne pas tomber sous le charme de Sévilla ?! Mon cœur a cessé de battre lorsque je suis arrivée devant l’immensité de sa cathédrale, dont j’ai mis près de 2 heures à visiter chaque racoin.

La cathédrale gothique de Sévilla est la plus grande église d’Espagne et l’une des plus richement ornées. C’est d’ailleurs dans cette cathédrale que sont conservés les restes de Christophe Colomb. À l’intérieur, on y retrouve une bonne dizaine de chapelles.








En après-midi, je suis allée me balader à Reales Alcazares, la forteresse des rois. C’est un immense jardin aux fortes influences arabes.

Mais le moment le plus fort de cette journée restera tout simplement celui d’observer la vie qui se déroule pendant la féria, la semaine suivant la semaine sainte, un autre moment fort à Sévilla. Les habitants revêtent leurs plus beaux habits, les femmes sont ravissantes dans leurs flamboyantes robes et avec les fleurs accrochées à leurs peignures.

Même les chevaux sont élégants dans leur démarche ! L’heure est à la fête ! Il y a au moins un millier de kiosques alignés dans un secteur de la ville, des chevaux se baladent dans les ruelles avec les belles dames assises dans les carrioles derrière.


À l’autre bout, on retrouve la section des manèges, ce qui m’a remémoré Expo Québec. Toutefois, les filles sont vêtues de leurs robes de flamenco et se ruent dans les manèges…c’est vraiment comique à voir !


Chaque kiosque est privé, les touristes ne sont donc malheureusement pas les bienvenus. Les gens s’y regroupent pour faire la fête, pour danser le flamenco. C’est une fête haute en couleurs, une belle parade en plein-air ! Sévilla, une ville aux beautés infinies !!


Dos Hermanas – Conil de la Frontera

Puisque toute bonne chose a une fin, je devais enfourcher à nouveau ma bécane le lendemain matin. Mon plan initial était de passer par Jerez de la Frontera en empruntant la nationale 4 mais j’ai vite fait de constater que le passage dans Jerez était impossible car aucune route, accessible aux vélos, ne s’y rendait. J’ai d’ailleurs dû changer mon itinéraire en cours de route et privilégier les petites routes de campagne. C’est donc à Las Cabezas de San Juan que j’ai quitté la nationale 4 où j’ai pu croiser de nombreuses cyclistes. Les routes 371 et 393 étaient désertes. Il n’y avait que moi dans cette vaste campagne.


Au loin, on pouvait apercevoir les montagnes de la Sierra Bermeja. Sur la route, j’ai croisé deux très jolis villages, soit Espera et Arcos de la Frontera où j’ai pris ma pause.


J’ai d’ailleurs bien étonné l’homme qui travaillait à la station-service où je me suis arrêtée. Je commence à peine à m’habituer au fait que les commerces sont fermés à partir de 14 h mais je n’ai pas encore saisi que le dimanche, c’est jour de congé. Par chance, j’ai toujours quelques provisions dans mes sacoches et je peux également compter sur les campings qui ont bien souvent des restaurants. Entre Paterna de Riviera et Medina, j’ai fait la connaissance de deux polonais à bicyclette. Nous avons d’ailleurs partagé la route pendant quelques kms, jusqu’à Medina où j’ai eu affaire à ma plus longue et plus rude ascension jusqu’à maintenant. Par chance, il était 17h. J’avais tellement chaud que la sueur coulait du bout de mes tresses ! La chaleur est de plus en plus écrasante, je n’ose même pas imaginer ce que ça doit être en plein mois de juillet et août. Et, j’ai d’ailleurs compris pourquoi tous les commerces ferment de 14h à 17h. Je vais devoir ajuster mon horaire de vélo, c’est-à-dire rouler tôt le matin lorsqu’il y a peu de vent et que la chaleur est supportable, prendre une longue pause entre 13h et 16h et poursuivre ma route par la suite. Le soleil se couche vers 21h alors j’ai amplement de temps pour rouler la 2e section de mon itinéraire. À Chiclana de la Frontera, on me donna les indications pour que je me rende au camping tout près de Conil de la Frontera, mais, la fatigue se faisait de plus en plus sentir. Chaque kilomètre était souffrant. Enfin, j’arrive au camping Roche, il est 20h !!

Kilomètres parcourus : 158 kms en 7h56. Fait à noter, Google Maps avait approximé 94,4 kms. Il y a une méchante différence entre 94,4 et 158…non ?! Je l’ai déjà dit que je haïs Google maps ?!

Conil de la Frontera – Tarifa….. une journée pour user le « pti » plateau !

Du vent, du vent et encore du vent ! Ce n’est pas assez …. une fois encore …. du vvvvvvvvvvvvvvvvvvvveeeeennnnnnnnnntttttt tabarnouche! Des rafales qui devaient bien atteindre le 100 kms/h et svp, en plein dans la face. C’est drôle, à chaque fois que la route changeait un peu de direction, on aurait dit que le vent faisait pareil….le pti mosus ! Une journée infernale que je ne souhaite pas revivre de sitôt ! Pour vous donner une idée, dans une pente descendante, sur le petit plateau, je devais pédaler pour atteindre 12 kms/h. Incroyable mais tellement vrai ! Ais-je besoin de vous dire que les kilomètres ne s’accumulaient pas assez vite à mon goût sur le compteur. Quand on n’avance pas comme ça, c’est très dur pour le moral. On force beaucoup mais nos efforts ne donnent presque rien, c’est très décourageant ! J’ai songé à plusieurs solutions : 1. Retourner sur mes pas, profiter du vent de dos et prendre l’autobus à la première station de bus que j’allais rencontrer 2. Faire du pouce….j’ai d’ailleurs fait quelques signaux de détresse au passage d’autobus 3. Espérer ! Hé oui, espérer qu’une gentille âme ais pitié de moi et m’offre un « lift » 4. Arrêter pour la nuit au prochain camping que je croise sur ma route et attendre que la tempête de vent passe 5. Pleurer toutes les larmes de mon corps. Mais je n’ai pas eu à choisir parmi ces solutions. Alors que j’avais la gorge nouée tellement j’étais découragée devant la désastreuse journée que je vivais, j’ai aperçu les deux polonais qui étaient en pause, assis sur le bord de la route. Ils vivaient le même calvaire que moi. Ils m’ont offert une délicieuse orange (j’en mange tellement, elles sont juste trop bonnes !!), nous avons échangé sur notre début de journée et avons décidé de joindre nos efforts pour les 30 kms d’ici à Tarifa. À trois, ça allait un peu mieux. Au moins, on avait la chance d’essayer de se cacher derrière quand ce n’était pas notre tour de rouler devant pour affronter le vent. Comme la route a quelque peu changé de direction, nous nous sommes retrouvés avec un fort vent de côté, des bourrasques terribles qui nous balançaient d’un côté à l’autre de l’accotement. J’ai souvent eu peur d’être précipitée en dehors de la route (garrochée dans l’clos…en bon québécois !). Avec ce vent de côté, plus moyen de se cacher derrière, il fallait tous les trois en souffrir. C’était à la limite du danger car les automobilistes ne comprenaient pas à quel point trop souvent n’ont n’avions pas le contrôle sur notre monture. Après les jambes, devinez où j’ai eu le plus mal ?! Aux mains !! Je devais tenir mes « cocottes » de guidon tellement serrées, il m’était d’ailleurs impensable de lâcher mon guidon pour saluer des gens qui klaxonnaient pour nous encourager !! Chaque kilomètre gagné était en quelque sorte une victoire !! Enfin, vers 17h, Krzysztof, Karol et moi avons atteint, non sans peine, le petit village de Tarifa. J’étais partie depuis 10h le matin. Tout ce temps pour n’avaler que 74 kms !!! La première chose que j’ai faite fut d’aller à la station d’autobus pour prendre des informations à propos d’un voyage en autobus que je me retrouve contrainte de faire. Et finalement, nous sommes allés nous asseoir sur une terrasse pour boire une bonne Cruzcampo, une bière ibérique tellement méritée !
Kilomètres parcourus : 74,3 kms en 5h22. Je vous fournis le calcul, ça donne une minable moyenne de 13,7 kms/h
Ce matin, le trio s’est défait ! Eux se dirigeaient vers les montagnes alors que moi, je devais prendre le bus. La route le long de la côte n’est souvent constituée que d’autoroutes et les cyclistes n’y sont pas admis. Et, par manque de temps, je ne peux pas me permettre de passer via les montagnes. Je fais donc actuellement le trajet Tarifa – Malaga en autobus, ce qui représente environ 200 kms. Il me reste tout de même 500 kms à faire en 5 jours car je dois être rendue à Alicante le 14 mai au soir. Une petite blague que je vous partage….le chauffeur d’autobus m’a demandé de plier mon vélo pour l’entrer dans la soute à bagages….euhhh….c’est qu’il est en acier monsieur le chauffeur ! J’ai passé proche ne pas être admise dans l’autobus, un peu plus et mes plans étaient totalement chamboulés ! Fiouuuuu !
La route se poursuit, plus que quelques jours à faire souffrir mon derrière…hhihihihi !
Hasta luego amigos y amigas, Natalia xxx
PS : À noter que quelques jours se sont écoulés depuis l’écriture de ce texte. Vous saurez sous peu où j’en suis rendue. À suivre…..j’ai fait un changement majeur à la dernière minute. Comme quoi qu’il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée !!
PPS : ma collecte de fonds pour le Relais pour la vie va pas si mal...445 $ amassés mais j'ai plus de 1 300 kms pédalés ! Hop hop, il reste quelques jours pour vous faire contribution.


Merci à l'avance !