jeudi 16 juin 2011

Mes premiers tours de roue en Irlande


Après un vol de 7 heures reliant Montréal à Paris, un transport de 1h30 en train/métro pour me rendre à Malakoff en banlieue de Paris, un court dodo sur un divan de Malakoff, un trajet en taxi d’environ 20 minutes pour m’amener au stationnement Pershing, un transport en autobus de 1h30 pour me mener à l’aéroport de Beauvais au nord de Paris, un autre vol d’environ 1h30 de Paris à Dublin en Irlande, un transfert en autobus de l’aéroport à un arrêt tout près de mon auberge de jeunesse, un autre court dodo et un déplacement sur rails de près de 2 heures ….. je me suis ENFIN retrouvée à Portadown tout près de Belfast, pour le départ du trio d’enfer : moi, URocK and the Beast ! « À nous l’Irlande !! » que je me suis écriée à la sortie du train.
Vous savez, voyager à vélo n’est pas toujours simple …. Je ne m’en plains pas, ce n’est qu’un constat que je fais. Oui, il est vrai, le début d’un voyage est toujours « rushant » et stressant et je me suis surprise à me plaindre, à vouloir dire aux gens autour de moi : « vous savez, ce n’est pas toujours facile voyager à vélo et bla bla bla… » Mais, après une courte réflexion, je me suis dit : « ta boîte Nat, de quoi te plains-tu ? Tu as fait le choix de voyager à vélo, ben assume tout c’qui va avec !! »
Mais toujours est-il que je me suis retrouvée à la gare de train de Dublin, prise devant un escalier roulant, des points d’interrogation plein les yeux !! L’ascenseur était trop petit pour nous trois (moi, URocK and the Beast), je n’avais donc pas le choix, je devais trouver une solution pour nous faire grimper là-haut. J’ai décroché mes deux sacoches arrière, leur ai fait un « byebye » en les plaçant dans l’escalier roulant et j’ai ensuite embarqué moi aussi tout en tenant solidement mon URocK à mes côtés, en espérant qu’il ne déboulerait pas sur mon voisin du bas…hihihi ! Tout s’est bien passé….fiou ! Seconde épreuve, débarquer du train à la station de Portadown où, pour accéder à la route, je dois passer dans un tunnel (sous les rails du train) mais il n’y a que des escaliers…pas roulants cette fois-ci ! C’est donc à coups de quelques mètres que j’ai fait le trajet. Oooohhpp les bagages 20 mètres plus loin, retour en arrière pour récupérer le vélo, 40 mètres plus loin que les bagages, oohhhppp, retour en arrière pour récupérer les bagages et les apporter 40 mètres plus loin, soit 20 mètres plus loin que les bagages, et ainsi de suite. Vous savez quoi ? Hormis tout ça, J’ADORE voyager avec mon vélo pour les raisons qui suivent !
JOUR 1, Portadown à Fivemiletown
À peine 10 kilomètres après mon départ vers 15h30, j’arrête dans un dépanneur pour la pause pipi. Fiou, le commerce est du côté gauche, soit celui que je roule. C’est toute qu’une adaptation ça mes amis !! En Espagne, j’avais horreur des « rondodas », ces fameux rond-points où les cyclistes doivent tout simplement s’imposer, autrement, ils risquent de demeurer longtemps là à attendre leur tour ! Mais ici, c’est pire que pire…les « roundabout » se prennent dans le sens contraire, c’est assez mélangeant merci ! Pour en revenir à mon arrêt au dépanneur, une dame, aux cheveux roux (!!), m’attendait à la sortie de la toilette. Elle m’avait vue et drôle de coïncidence, rêve depuis longtemps de voyager à vélo. Du haut de ses 5 pieds et quelques, avec ses yeux plus que brillants, elle me pose une multitude de questions, m’invite à souper chez elle, etc… Malheureusement, le plan de match ne me le permettait pas. Il y a peu de campings en Irlande du Nord, mon trajet était donc difficilement modifiable. Dommage….À mon arrivée au camping, la mère du propriétaire m’explique certains trucs. Je n’y comprends rien moins que rien ! Quel fort accent ! J’arrive à saisir quelques mots mais sans plus. Finalement, son fils arrive et nous placotons pendant un bon moment. Les irlandais ont eu droit à un rude hiver. Eux qui sont habitués à des températures hivernales qui vont à quelques degrés en dessous du zéro, le thermomètre est descendu jusqu'à moins 19 degrés celcius l’hiver dernier. Il me rassure en me disant que le froid qui persiste ces jours-ci n’est pas habituel. Avec mon sac de couchage moins 3 degrés celcius, mes bas de laine, pantalons de polar, mini doudoune de duvet d’oie, gants, tuque et une doudoune en duvet pour l’hiver installée à l’intérieur de mon sac de couchage, j’arrive à peine à me réchauffer pour la nuit….brrr…brrrrr !
KMS parcourus : 72 kms en 4h20
JOUR 2, Fivemiletown à Strandhill
Mes premiers tours de roue ont été faits en Irlande du Nord mais cela n’aura duré qu’une journée et demie. L’Irlande qui est une île partagée entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord, fait partie du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.  Au nord, on ne parle qu’en anglais alors qu’en République d’Irlande, deux langues sont couramment parlées : l’anglais et le gaélique, leur langue historique. En plein milieu de l’après-midi, j’ai franchi la frontière séparant les deux territoires.



J’allais donc me retrouver dans un environnement un peu plus familier : les distances sont affichées en kilomètres et non plus en miles, l’euro est utilisé contrairement à l’Irlande du Nord où l'on règle nos achats en livre sterling. Je dis parfois qu’en Irlande, c’est le monde à l’envers : on roule à gauche et à Dublin, à chaque coin de rue, c’est indiqué sur le trottoir de quel côté de la rue il faut regarder avant de traverser. Par chance car les réflexes sont difficiles à changer au début. De plus, quelques détails mineurs, la clenche de toilette est du côté droit, tout comme le robinet d’eau froide alors que chez nous il est du côté gauche.
Cabine téléphonique en Irlande du Nord qui utilise normalement les livres sterlings. Comme nous sommes près de la frontière, les euros sont acceptés

Une fois passée la frontière, la route est longue, longue, longue malgré un vent quelque peu favorable.

Mon URocK se repose en bordure de chemin. Devinez ce que fait la "pédaleuse" ??

Le ciel est gris, quelques gouttes tombent mais le soleil finit par revenir. Enfin, après avoir traversé Sligo, j’atteins Strandhill avec son camping en bordure d’océan Atlantique mais à quelques pieds d’un tout petit aéroport et d’un gros rocher protégeant de petites maisons du vent.

KMS parcourus : 113 kms en 6h10
JOUR 3, Strandhill à Ballina
À peine 10 kilomètres inscrits à mon compteur, la pluie débutait. Ce n’est pas une nouveauté car il pleut à chaque jour ou presque en Irlande. Rares sont les journées sans pluie et ce malgré que l’été bat actuellement son plein. On m’a souvent répété que les averses peuvent être intenses mais de courte durée. Je me suis donc réfugiée dans le hall d’une épicerie et j’ai attendu que ça passe. Mais, après avoir avalé une bouchée, lu plusieurs pages de mon bouquin, j’ai dû en venir à la conclusion que l’averse allait perdurer. J’ai sorti tout mon attirail contre la pluie et me suis transformée en « waterproof touring girl », du moins je le souhaitais. Par chance, la pluie n’était pas très forte. À Dromore West, je me suis arrêtée, le temps de laisser égoutter un peu mes vêtements complètement trempés et de quant à moi tremper mes lèvres dans une bonne « Smithwicks ». Je m’attendais à trouver des pubs très animés et plein de vie en après-midi, ce fut tout autre. Les gens sirotaient leur bière tout en écoutant le match de foot sur grand écran. On aurait pu entendre une mouche voler !! Enfin, j’ai fait un autre arrêt à Ballina pour le souper avant de terminer ma route non loin de là, où j’ai installé ma tente pour la nuit. En conclusion de cette pluvieuse journée, j’affirme que je suis une cyclotouriste waterproof à 98 % !!
KMS parcourus :  71 kms en 3h46
JOUR 4, Ballina à Westport
À mon réveil, les gouttes se fracassent sur mon double-toit. Je patiente, clique sur « snooze » à quelques reprises sur ma montre…yeah ! Enfin, la pluie cesse vers 10 heures, c’est alors que je répète la même routine que les derniers matins : refaire mes bagages, les accrocher à nouveau sur ma bécane, couvrir le tout convenablement, au cas où la pluie reprendrait. En Irlande, le ciel n’est jamais uniquement coloré de bleu. Il est souvent parsemé de nuages gris menaçant à tout moment de se déverser sur votre tête !

La route est parfois dangereuse, laissant peu de places aux cyclistes. Je vous laisse imaginer : deux voies, à peine plus large que la largeur d’un bolide normal, une limite de vitesse fixée jusqu’à 100 kms/h ET AUCUN accotement pour une tite fille comme moi à bicyclette !!! Mon miroir, fixé du côté droit de mon casque, est fort utile. Si j’aperçois un véhicule qui vient trop près de moi, à tout moment, je peux me « jeter » dans le décor vers la gauche. Ce n’est guère rassurant mais c’est comme ça ! Tiens il y a longtemps que je ne l’avais pas dit celle-là ! Malgré tout, les conducteurs sont quand même assez respectueux. Tout s’est donc bien passé sur la route, je n’ai vécu aucune mauvaise expérience.
Rendue à Westport, j’en profite pour visiter un peu le centre-ville, m’asseoir sur une terrasse et apprécier la vie. Je découvre un breuvage alcoolisé qui fait partie d’un des 4 groupes alimentaires canadiens, le « Bulmers », qui est un cidre de pommes irlandais, rafraichissant, excellent à boire sur une terrasse en fin de journée. Si je fais référence aux groupes alimentaires, c’est qu’une amie m’a appris qu’en Irlande il y avait 5 groupes alimentaires, le 5e étant réservé pour la Guiness. Il est donc tout à fait correct de consommer plus d’une portion quotidienne de Guiness….ahahahah !!!!!


KMS parcourus : 62 kms en 3h39

Voilà qui reprend l’essentiel de mes quatre premières journées de vélo en Irlande. La suite viendra éventuellement. Et, s’il y a des choses que vous aimeriez que je parle, vous avez des questions ou quoi que ce soit, n’hésitez pas à m’en faire part, je verrai à y répondre au meilleur de ma connaissance.
Cheers comme disent souvent les irlandais ;-) Nat xxx