mardi 17 mai 2011

Ça sent malheureusement la fin en Espana.....

Tarifa – Malaga – Nerja
Après environ 3 heures d’autobus entre Tarifa et Malaga, j’ai retrouvé mon URock en un seul morceau et lui seul avait hâte de reprendre la route. J’étais encore fragile, craintive de devoir affronter à nouveau les vents de la veille. Il n’en fût rien. La route était bel et bien plate, sans aucun dénivelé, le long de la mer méditerranéenne, mais mes jambes n’avaient juste pas envie de collaborer, elles gardaient sûrement un pire souvenir que moi. Elles auraient sûrement préféré une journée de congé complète et c’est pourquoi j’ai fait le choix d’arrêter à Nerja, 62 kms plus loin, une ville dont la visite m’aurait sûrement plue.

Elle est en bordure de mer et les touristes se rendent tous dans la cuve. Moi, j’ai respecté le désir de mes jambes, c’est-à-dire d’aller nous reposer au camping plutôt que de devoir remonter la pente pour sortir de la fameuse cuve !
Kilomètres parcourus : 62 kms en 3h29
Nerja – Puente del Rio

Cet arrêt prématuré la veille était un bon choix car dès le départ, une pente ascendante interminable m’attendait. Et ce scénario s’est reproduit durant toute la journée. Monte, monte, monte, traverse un tunnel, descend pour atteindre le village en bordure de mer.

Monte, monte et remonte encore, un autre tunnel, une autre descente, le prochain village. Bis, bis, bis et rebis ! Ça démolit les jambes, déjà en « jello» au départ ! Cette journée m’a rappelé mon tout premier voyage à vélo en Corse, c’est-à-dire un paysage de montagnes, avec de jolies tours de guet.




Au loin et pour la toute première fois sont apparues les montagnes de neige éternelle de la Sierra Nevada.  J’ai fait une longue pause à Castell de Ferro, car je craignais la pluie. Comme elle ne s’est jamais pointée, j’ai continué à avaler des kilomètres en après-midi. Parfois, devrais-je dire souvent, le cyclotourisme, c’est mental. On se fixe un objectif et on n’en démord pas. Je tenais cette journée-là à dépasser les 100 kilomètres !! À Adra, j’étais tout près de mon objectif mais il n’y avait pas de camping. Enfin, à Puente del Rio, le pti triangle miraculeux est apparu devant moi sur une affiche. Yessss ! Camping Las Vegas,  « here I come » ! Le paysage en Andalousie est quelque peu gâché, sur cette portion de route, par d’innombrables serres. Ils cultivent  de tout ici ! Et parfois, les odeurs nauséabondes s’en dégagent, croyez moi ! Le camping Las Vegas, je n’avais aucune idée de quoi il avait avoir l’air puisque je m’engageais dans un long champ de 4 kms de serres, jusqu’au bord de la mer. Ça semblait douteux ce chemin mais finalement, hé oui, j’ai aperçu le camping Las Vegas. Drôle de nom pour un camping qui avait plus les allures de « Elvis kétaine à Las Vegas ».


Mais bon, la dame a été très gentille avec moi et j’ai très bien dormi pendant qu’un tremblement de terre de 5,3 sur l’échelle de Richter se produisait à Lorca, soit à environ 200 kms de moi. Une dizaine de personnes y ont perdu la vie alors que moi, je n’ai rien mais alors là rien senti !
Kilomètres parcourus : 104 kms en 6h13
Puente del Rio – Alméria – Barcelona

Au départ de Puente del Rio, je m’informe pour le chemin car l’accès à Alméria semble difficile. Oui, une autoroute s’y rend mais on dirait que je ne vais devoir emprunter que des minis routes de campagne. Finalement, il y avait toujours ma bonne amie, la N-340a qui longeait l’autoroute, parfois à gauche, parfois à droite. Mais, je me suis tout de même retrouvée à faire des détours qui à mon avis étaient inutiles. À « virailler » comme ça, je me suis mise à avoir des idées folles, à repenser à mes plans. J’en avais marre du trafic, de l’achalandage des routes, de villages qui n’ont rien à voir avec les belles couleurs de l’Espagne. On m’avait prévenue mais disons que de voyager seule, je suis quelque peu limitée dans mon itinéraire. Je préfère être dans des endroits où il y a un peu plus plein de vie pour avoir recours, le cas échéant, à une aide de dernière minute. Et de plus, je savais que je souhaitais au plus haut point venir à Mallorca, cette île espagnole en pleine méditerranée. D’y venir que pour une journée ne m’apparaissait pas la meilleure idée. Payer plus de 100 euros pour prendre le ferry et ne rien voir d’une île qui avait sûrement plein de beautés à offrir……bof tu sais ! Bref, cette journée-là, j’ai décidé d’y mettre un terme lors de mon arrivée à la station d’autobus d’Alméria.
La N340a est absolument superbe, tout juste avant d'entrer à Alméria
Il fait un mince 30 degrés à Alméria à 14h30 !

Quelques heures plus tard, un bus allait nous embarquer, moi et URocK, pour un long 14 heures en direction de Barcelona. Une vraie de vraie « run de lait » ! Nous avons fait au moins 20 arrêts pendant le trajet dont notamment, un de 30 minutes à 1 heure du matin et un autre de 40 minutes à 5 heures du matin. Lors de ces arrêts, on nous oblige à sortir de l’autobus, ce qui détruit complètement une nuit de sommeil. Je me suis retrouvée à 8h du matin à remonter mon vélo qui avait survécu à son passage bouleversant dans la soute à bagages. Pas toujours facile la vie d’un vélo !
Kilomètres parcourus : 68 kms en 4h06
Barcelona – La Palma – Alcudia
À mon arrivée à Barcelona, je me suis dirigée à l’Alberguinn, une auberge de jeunesse fort accueillante et aidante. Je ne vais y dormir que deux nuits soit les 16 et 17 mai mais toujours est-il que j’ai pu y entreposer mes bagages pendant la journée du 13, prendre ma douche sans frais, obtenir la « map » de la ville et les infos touristiques, laisser quelques bagages et la boîte de carton pour emballer mon vélo pour mon vol le 18 mai prochain, recharger la batterie de mon ordinateur et me connecter au « wi-fi »…bref, je suis heureuse de les avoir choisis ! Je suis partie à vélo pour visiter Barcelona mais je n’ai pas pu apprécier la ville à sa juste valeur, j’étais juste trop fatiguée !
Casa Batllo de Antonio Gaudi
Casa Mila de Antonio Gaudi
En fin d’après-midi, je suis retournée à l’auberge pour y préparer mes bagages en vue de ma traversée en bateau vers Mallorca. Un vendredi 13, était-ce une bonne idée ?!!! Comme j’ai opté pour la formule la moins chère, je n’avais pas de cabine, j’ai donc réussi à me trouver un coin tranquille sur le bateau, souffler mon matelas, dérouler mon sac de couchage et dormir un bon 6 heures. Je tenais à me rendre à Mallorca pour faire notamment la rencontre de Maria, la mère de mes deux cousines Esther et Myria, l'ex-femme de mon oncle Luc mais surtout, la femme gentille, douce et généreuse qui m'a appris mes premières paroles d'espagnol alors que j'étais toute jeune. Il y avait bien 20 ans que nous ne nous étions pas vues. J’étais quelque peu anxieuse de la retrouver mais tout s’est très bien déroulé et en espagnol…por favor ! Elle m’a gentiment accueillie chez elle et ensemble, nous avons découvert (sur Google maps…ahaha !) le chemin que je pouvais suivre, celui sans dénivelé trop important ! C’est ensuite que vers 9 heures du matin, j’ai filé pour un trajet qui devait être de 57 kms, soit la traversée de l’ile en son centre.
Tout allait très bien. J’ai croisé de sympathiques villages où je me suis promis d’arrêter plus longuement lors de mon retour, du nord au sud. Toutefois, lorsque je suis arrivée à Inca, la ville du cuir, j’ai eu une surprise. Une demi « ironman » se déroulait sur l’île et la seule route accessible pour moi au centre de l’île était donc bloquée. Je me suis entretenue avec quelques-uns des organisateurs qui ont manifesté de la curiosité à mon égard. Où étais-je allée avec ma bécane ainsi chargée, où comptais-je aller, combien de kms en moyenne je faisais par jour, etc… ? Ils m’ont donné quelques provisions pour la route et m’ont permis, à ma grande surprise, de partager la route avec les athlètes qui en étaient à l’étape du vélo. Woooowwww, je fabulais de pouvoir vivre ce moment d’aussi près.
J’aime définitivement le feeling des compétitions…ils n’ont pas idée du plaisir qu’ils m’ont procuré en m’accordant d’aller sur la M31-a avec eux. J’ai même eu certains athlètes qui m’ont encouragé…hé go Canada…hihihi ! À chaque fois que je passais un point de contrôle, je devais expliquer qu’on m’avait donné l’autorisation d’y être mais de prendre garde de demeurer sur le côté gauche de la route, de ne pas nuire aux athlètes et de faire attention, ce que je faisais. Mais, il a fallu que je rencontre un policier pas gentil qui, de son air bête naturel, m’a ordonné de quitter la route M31-a. Il a tellement gâché mon plaisir et je me suis tellement fait plaisir de lui dire en bon français ! Là, j’étais prise à faire 1000 et 1 détours, sans jamais savoir si j’allais finir par atteindre Alcudia. Ce n’est pas des blagues, j’étais sur des mini-routes de campagne, entre deux champs de récolte et trois tracteurs. De plus, plein de monde cherchaient à me gérer….les organisateurs et bénévoles de la compétition, les habitants du village, les ambulanciers, les policiers, les cyclistes touristes croisés sur la route, name it…grrrr ! Finalement, après m’être entretenue avec un résident d’un mini village, il m’a fait comprendre qu’aucune autre route que la M31-a, ou l’autoroute, n’étaient à ma disposition pour atteindre enfin Alcudia. Je me suis permis de retrouver le bonheur de rouler à leurs côtés. J’ai même cru apercevoir Pierre Lavoie, notre athlète saguenéen. Mais après vérification dans la liste des participants, ça ne devait pas être lui. Au total, 1 639 personnes ont terminé le demi « ironman » qui consistait en 1,9 kms de nage, suivis de 90 kms de vélo et enfin, de 21 kilomètres de jogging, le tout, sous une chaleur écrasante qui dépassait les 30 degrés. Toute ma reconnaissance à chacun de ces athlètes accomplis, pour leur exploit à Mallorca ! Je me trouvais au fil d’arrivée pour les applaudir. L’exploit sportif, le dépassement de soi dans un tel évènement me touche profondément à un point tel que je me considérais chanceuse de porter mes lunettes de soleil… « you understand why » ?! De voir un père de famille franchir la ligne d’arrivée avec ses deux filles, tous les trois très souriants et les bras dans les airs….ouf !
De voir un fils et son père franchir ensemble la ligne d’arrivée, après plus de 8 heures d’effort ….ouf !
Tous ont probablement donné le meilleur de soi mais toujours est-il que je suis davantage épatée lorsque les derniers entrent. Oui, tous ont souffert mais pour ces derniers la souffrance a duré nettement plus longtemps, les pauvres. Quel beau sourire ils ont, quelle énergie est ressentie à la ligne d’arrivée, c’est tellement beau à regarder.

Merci à la vie d’avoir fait en sorte que je sois à Alcudia ce jour là ! J’ai hâte à ma prochaine compétition prévue le 27 mai prochain !
Kilomètres parcourus : environ 68 kms en je ne sais trop combien de temps puisque mon compteur était mal fixé…mais que de plaisir pendant cette journée !!
A bientôt ….pour mes derniers jours en terre espagnole puisque j’entre à nouveau au Québec le 19 mai prochain.
Hasta luego, Natalixxxxxxx a !!