Le 22 juillet très tôt au matin, voilà que j’arrivais à nouveau à l’aéroport Charles-de-Gaulle à Paris. Accompagnée de la bête de Marjolaine (son vélo !!), je devais me rendre à Versailles grâce au RER, un train qui circule sur tout le réseau parisien. Se balader avec un vélo « roulant » dans le RER n’est pas permis sur les heures de pointe mais quand il est maintenu dans la boîte de carton, il n’y a aucun inconvénient à embarquer dans le RER. Une fois embarqué dans le train, le vélo n’est plus vraiment problématique. C’est lors de transferts qu’il cause du trouble car les distances à franchir sont assez longues merci !! Au-delà des distances, il y a en plus les tapis roulants, les barrières étroites à traverser, les escaliers à monter, etc….. Par chance, deux dames (oui oui, merci messieurs !!) m’ont aidé lors des deux transferts que j’ai dû faire avant d’atteindre la gare « Versailles rive gauche ». Ataboy, mission accomplie ! Ne restait plus qu’à attendre Marjolaine, à Paris depuis 3 jours et Marie-Hélène, qui habite Versailles et garde si gentiment mon URocK depuis 2 semaines. Après avoir déballé et monté le vélo de Marjo, comme ma nuit avait été pas mal courte et que j’étais passablement en avance sur l’heure prévue de notre rencontre, je me suis assise par terre, ai attaché mes bagages et le vélo à moi avant de pouvoir faire un pti dodo…..la nuit dans un avion, ce n’est jamais très réparateur !!
Mon vélo récupéré chez Marie-Hélène, Marjo et moi avons parcouru les 4 longs kilomètres nous séparant du terrain de camping Huttopia à Versailles. Ici, c’est cher : la nuit nous coûte 37 euros en plus de la réservation par Internet au coût de 10 euros. Donc, au total, ça nous coute près de 75 $ canadiens pour dormir dans une tente sur un vaste terrain où sont entassés de nombreux campeurs et à ce prix, même pas moyen d’avoir accès à une table à pic-nic !!!
Versailles à Condé-sur-Vesgre
Au matin, nous allons au petit restaurant du camping où Marjo dit au garçon, avec son plus beau sourire : "Allo, j’aimerais avoir deux cafés svp". De son air le plus sympathique, il lui répond : « ici, on ne dit pas allo, on dit bonjour ….. » PANG ! Elle lui fait rapidement savoir qu’elle n’est pas française et que chez nous, ça se dit couramment « Allo » …
Avant d’attaquer la journée, nous devions faire un arrêt au Decathlon (une grande surface spécialisée dans les équipements et articles de sport) pour faire certains achats et faire vérifier quelques trucs sur nos vélos. Nous avons été bien accueillies (difficile de faire autrement face à deux jolies filles à vélo…hihi !) et avons enfin pu entamer notre journée un peu après 15h. Coup de malchance, une bonne averse nous tombe sur la tête après les tout premiers coups de pédale. Le tracé de Google nous dirige sur la nationale 10 qui n’est pas très recommandée aux cyclistes. Par chance, l’office de tourisme n’est pas très loin. Ils nous enlignent vers une route plus sécuritaire en plus de nous remettre de belles vestes orange fluo pour être bien visibles sur la route. Il faut dire qu’il est déjà 18 heures et nous n’avons même pas 25 % de la route dans les jambes.
Tout se passe bien pour le reste, les routes sont agréables et nous avons vraiment l’impression d’être arrivées au pays où ça ne fait que descendre….hiiiihaaaa ! Marjolaine arrive très bien à suivre la cadence et j’en suis ravie !! Il est 21h15 quand nous atteignons enfin le camping.
Distance parcourue : 67,2 kms en 4h00
Condé-sur-Vesgres à Verigny
Le monsieur au camping nous aide grandement en nous donnant accès à son ordinateur afin que l’on trace notre itinéraire, direction plein ouest jusqu’à Senonches. Le site mappy.fr donne un résultat un peu meilleur que google.ca mais quand même, j’ai hâte que nous atteignons des villages dessinés sur notre carte de Normandie car j’ai l’impression qu’on se cherche tout le temps. Vers 13h, nous traversons "Chaudon" et là-bas une dame nous avise que presque tout est fermé dans ce village et que les chances sont minces de trouver quelque chose à manger à "Le-Boulay-Thierry".
Malgré que notre ventre est vide, que le déjeûner est déjà bien loin, nous poursuivons notre route dans l’espoir de pouvoir acheter des provisions. Malheur, le vent de face ne nous lâche pas. La vitesse n’est pas très rapide, c’est un dur début en cyclotourisme pour Marjo ! À l’approche de "Châteauneuf-en-Thymerais", nous arrêtons pour analyser la carte en bordure de route. Olivier, un cycliste français s’arrête en nous apercevant. Quand nous lui demandons à quel endroit il est possible d’acheter de la nourriture, il est bien embêté puisque c’est dimanche et en France, tout est fermé la dimanche ! Oh….oh…..Il est près de 16 heures et nous n’avons toujours pas déjeuné (dîner au Québec). Olivier voyant que nous sommes dans le pétrin et en plus à plusieurs kilomètres de Senonches où nous comptions arrêter, nous invite chez lui et sa copine Adéline, dans le petit village de Vérigny. Il nous faut donc faire un 15 kilomètres mais direction sud-est, donc un peu un retour en arrière. Olivier nous explique qu’actuellement, nous sommes en pleine récolte du blé. Il nous arrive même de devoir passer dans une tempête de blé alors que la moissonneuse-batteuse est dans le champ à quelques pieds de nous sur la gauche. On ne voyait absolument rien pendant quelques instants et c’était tout à fait comique !! Après nous avoir servi de bonnes brioches, Adéline et Olivier nous offrent de nous accompagner jusqu’à Chartres où il y a LA cathédrale la plus importante France. Les vitraux de Chartres, mondialement connus de par leur fameux "bleu de Chartres" sont restés depuis le Moyen Âge.
Par chance que nous n’avions pas de bouffe car nous aurions passé à côté sans même le savoir alors que là, nos hôtes jouent en plus les guides touristiques. Une fois la visite rapide de Chartres terminée, nous entrons à Vérigny pour la douche et un bon repas de pâtes. Nous avons eu l’air de deux filles qui n’avaient pas mangé depuis 3 jours, deux vraies ogres !!
Un MERCI TOUT SPÉCIAL à Olivier et Adéline pour votre accueil hors pair. Vous venez n’importe quand au Québec, notre porte vous sera grande ouverte et les guides sont inclus en plus ;-)
Distance parcourue : 55,9 kms en 3h08
Vérigny à Tourouvre
Nous quittons Vérigny et mettons le cap sur Senonches, là où nous devions nous rendre la veille. Le ciel est gris mais la route est belle et notre rythme est bon. Marjo m’impressionne vraiment, pour une fille qui n’a jamais fait de cyclo, elle a vite perdu son statut de débutante. Je traine la majorité des trucs à partager (tente, réchaud, guides de voyage, caméras, etc….) et me trouve plus souvent qu’autrement devant (ce que je préfère de loin…) mais cela a l’avantage d’équilibrer nos forces. Enfin à Senonches, nous arrêtons pour casser la croute et réévaluer notre plan de match de la journée. Nous traversons de tout petits villages et donc, les campings se font parfois rares.
C’est ainsi que nous optons pour Tourouvre où il y a un gite d’étape dont le prix est plus qu’abordable. Cela nous amène à traverser les forêts du Perche où le chêne rouvre et le hêtre sont rois. De longues routes forestières, bien ombragées et très vertes en plus de quelques pentes, à mon grand bonheur.
À notre arrivée, nous constatons rapidement que deux filles, ça ne passe pas inaperçu à Tourouvre. Même le monsieur du kiosque d’information touristique, ayant probablement plus de 60 ans, nous offre de dormir chez lui. Le secret est toutefois bien gardé que nous dormons au gîte du village, géré par la mairie de Tourouvre.
Sur le pas de la porte du gite d'étape se trouvait une petite hirondelle, tombée de son nid construit dans l’une des deux fenêtres de notre chambre située un étage plus haut.
Marjo a eu l’amabilité et le bonheur d’aller la retourner dans son pti nid !!
Distance parcourue : 65,2 kms en 3h21
Tourouvre à Sées
Nos départs ne sont jamais très matinaux mais plutôt vers midi alors que j’ai toujours eu l’habitude de débuter ma journée tôt pour pouvoir en profiter une fois la distance prévue parcourue et ainsi, s’il arrive un pépin, il y a de la marge de manœuvre pour réagir. Notre stratégie de la journée est d’emprunter de toutes petites routes peu fréquentées mais plus rudes dans les mollets ;-) Le ciel est parfois gris, parfois ensoleillé mais la température est bonne : ni trop chaud, ni trop froid !
A notre arrivée à Sées, nous sommes affamées puisque nous n’avons pas pris de pause pour le dîner. Michael nous a vues à notre arrivée sur le terrain de camping. Comme il rêve depuis longtemps de voyager à vélo et qu’il a même son cheval d’acier (vélo !!), il est intrigué et vient nous parler. Il nous invite à manger avec lui et c’est là que nous arrivons à le convaincre de nous suivre pour une journée. Départ prévu : lendemain matin !!!
Distance parcourue : 43,9 kms en 2h13
Sées à Domfront
Ce matin, c'est une nouvelle formule de voyage, celle en trio : moi, Marjo et Michael. Déjà dans les premières minutes, nous lui apprenons plein de trucs notamment sur la sécurité. Deux mères poules, ça ne peut faire autrement ;-) Le pauvre Michael a droit à une rude intro avec le cyclo : des pentes, des pentes et encore des pentes.
Marjo s'assure que Michael est toujours derrière ! Go Michael Go !
La portion du trajet est divisée en trois, soit de Sées à Carrouges, de Carrouges à Bagnoles-de-l'Orne et enfin de Bagnoles à Domfront. Nous prennons une première pause assis par terre en haut d'une longue pente avant même d'atteindre Carrouges où nous arrêtons à nouveau pour faire le plein d'air dans nos pneus. La dame du commerce où nous arrêtons m'apprend que la seconde portion sera pas si mal mais que la dernière...ouf ! À Bagnoles-de-l'Orne, nous devons à nouveau arrêter pour acheter quelques provisions et prendre un café devant la magnifique église de l'endroit.
Nous avons retenu un camping à la ferme pour y passer la nuit. Ce qui nous a attiré vers cet endroit est la possibilité de faire....la traite des vaches. Comble de malchance, nous arrivons trop tard pour contribuer à la traite qui est déjà toute faite. Isabelle et Patrick nous réservent une belle surprise : le gîte de l'endroit est libre pour la nuit et ne nous coûtera que 20 euros à trois pour la nuit. Yéééé car il y avait effectivement beaucoup de pentes dans la dernière portion du voyage et pour arriver à garder Michael avec nous, nous avons dû lui chanter des chansons à tue-tête sur la route pour le maintenir en vie. Nos fort sympathiques hôtes nous invitent à leur demeure pour nous faire goûter le poiré, un cidre fait à partir de poires. Le ciel est garni d'étoiles, la nuit sera bonne et le repos réparateur.
Distance parcourue : 73,6 kms en 3h53
Domfront à Beauvoir
Au matin, la montre-réveil nous sort de notre sommeil à 7h pour la traite des vaches. Malheureusement, le désir de poursuivre la nuit l'emporte sur celui d'aller traire une vache, ce ne sera que partie remise mesdames les vaches !! Nous avons devant nous une autre longue journée pour rejoindre le Mont St-Michel qui est dans notre mire. À l'approche d'un site touristique autant visité (près de 3 millions de touristes d'y rendent à chaque année), il importe d'éviter les routes départementales très achalandées alors nous devons emprunter les mini routes départementales et traverser plusieurs petits villages et grimper des côtes très abruptes. La Basse-Normandie accueillait pour la première fois la semaine fédérale internationale de cyclotourisme du 31 juillet au 7 août. Près de 13 000 participants étaient attendus dans la région de Flers. Malheureuseument, nous sommes passés quelques jours trop tôt mais avons pu apercevoir quelques décorations sur la route.
Nous effectuons une longue descente jusqu’au barrage de St-Laurent et nous n'avons pas trop de mal à nous ressortir du trou.
Le trio de cyclotouristes dans un miroir le long de la route
Michael traîne de la patte dans les derniers miles. Encore une fois, nous répétons le truc des chansons pour le motiver et le plaçons entre nous pour maintenir une vitesse acceptable. Enfin, Beauvoir nous accueille, nous ne sommes plus qu'à 4 kilomètres du très populaire Mont St-Michel. Marjo et moi pouvons alors dire : 1ere mission accomplie !!!!
Distance parcourue : 75 kms en 4h20
Notre top 3 des plus drôles expressions de Michael qui est en apprentissage du français
Papier de toilette = papier LE cul
Costume de bain = Short de bagnoles
Et il a appris avec les "kébékoises" à dire : ça fait la job !!!!!!!